mardi 10 mai 2011

Pratique des Normes Internationales de Comptabilité du Secteur Public par des comptables qualifiés : offre du PNUD

(Mohamed Faker KLIBI, Docteur en sciences comptables - Université de Tunis)


Ce billet se réfère à l’analyse d’une annonce de recrutement de comptables qualifiés pour pourvoir 9 postes au sein du PNUD. Je vous invite à déposer vos candidatures.



Dans ce qui suit je vous fais part de mes réflexions et convictions suite à ma lecture d’une offre de travail (portant sur 9 postes) faite par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) pour engager des comptables qualifiés et exceptionnels. Qualifiés et exceptionnels vous dites !? En se référant à l’offre, voilà mon analyse du profil.

Tout d’abord, il faut maîtriser les Normes Internationales de Comptabilité du Secteur Public (NICSP ou en anglais IPSAS : International Public Sector Accounting Standards). Ces normes sont promues par le conseil des normes comptables internationales du secteur public (pour plus d’informations, vous pouvez vous référer au lien suivant : http://fr.ifac.org/PublicSector/). Ce sont des normes moins connues que les normes comptables internationales d’information financière (IFRS), mais quand même elles commencent, ces derniers temps, à attirer l’attention des académiciens et des professionnels comptables. Leur objectif, à mon sens, est de discipliner les pays en développement en les poussant à une meilleure gouvernance publique qui rime avec transparence et équité. Voilà une nouvelle tâche que les professionnels comptables – qualifiés et exceptionnels – doivent honorer. Par ailleurs, ce qui me fait plaisir, c’est que la comptabilité publique commence à laisser, petit à petit, sa place à une comptabilité privée dont l’objectif n’est pas uniquement de faire un suivi budgétaire mais aussi de garantir un état de transparence. Cette transparence ne vise pas les investisseurs (comme c’est le cas des IFRS), mais plutôt tous les citoyens (contribuables) désirant participer à la vie publique et politique.

Ensuite, parce que cette offre fera bénéficier l’heureux candidat d’une carrière internationale, ce dernier doit maîtriser les langues anglaise et française et/ou espagnole.

Par ailleurs, les 9 postes offerts par le PNUD supposent implicitement que le candidat serait capable d’évoluer et de réussir – professionnellement – dans un cadre multiculturel. En outre, l’adhésion aux objectifs annoncés par le PNUD (aider les pays à réaliser la croissance, l’équité et la durabilité) serait un atout majeur pour réussir l’offre. Dans ce cadre, je recommande vivement les candidats intéressés par cette offre de montrer leur potentiel et capacités à adhérer auxdits objectifs lorsqu’ils rédigent leur lettre de motivation.
Enfin, et ce qui m’intéresse le plus dans cette histoire de recrutement, c’est que le PNUD encourage vivement les candidatures émanant des citoyens appartenant aux pays en développement. Il s’agit de candidats qui comprennent et assimilent le plus la réalité et les spécificités de ces pays qui aspirent à un meilleur développement et donc à un meilleur bien- être de leurs concitoyens. Cependant, les universités et les milieux professionnels comptables de nos pays seraient – ils capables d’offrir des comptables exceptionnels et qualifiés ? Je suis optimiste…je dirais oui, mais il faut savoir autogérer sa carrière qui commence à l’université. La mondialisation, à mon avis, nous offre – citoyens comptables des pays en développement- une aubaine ; un marché de travail international. Juste il faut se doter de l’ambition (yes we can), de l’ouverture (la connaissance et les chances sont universelles) et de la confiance en soi.

vendredi 25 mars 2011

Réflexion sur l’adoption des IFRS en Tunisie


Par Sawcen Chebaane (Universitaire; doctorante en comptabilité)
Depuis des décennies, L’adoption des IFRS par les pays en développement en particulier, a suscité l’intérêt non seulement des chercheurs mais aussi des praticiens et a fait émerger deux courants de pensée antinomiques. Les pays en développement sont les nations caractérisées par un indice de développement humain moyen, par la prédominance du secteur public et l’absence ou encore la mal organisation des marchés financiers du coté économique et par une profession comptable non développée pour certains pays en développement et même l’inexistence de normes nationales pour d’autres.
Le premier courant considère qu’une telle adoption est pertinente pour les pays en développement, leurs permettant d’accroitre l’investissement direct étranger, d’améliorer la situation des bourses déjà existantes, de rendre l’information financière, au sein de ces pays, plus comparable et plus transparente sans oublier l’élimination des coûts d’élaboration des normes nationales surtout que cette normalisation sera déléguée à l’IASB, organe de normalisation international privé, par voie de l’adoption de ces IFRS. De tels avantages seront réalisés grâce à la flexibilité des IFRS répondant ainsi aux besoins des pays développés et ceux en développement. Le deuxième courant, par contre, admet que l’adoption de ces normes internationales par les nations en développement comme non pertinente et non adéquate, du fait que ces normes sont très complexes, sophistiquées, fortement influencées par la culture anglo-saxonne (orientation vers les marchés de capitaux), lourdes à appliquer et nécessitant des connaissances assez approfondies en anglais par les utilisateurs de ces normes et engendrant des coûts importants que ce soit par le pays adoptant ( formation)ou par les sociétés appliquant( formation, installation du système ERP) ces normes. Ils rajoutent même que l’adoption des IFRS par ces pays n’est qu’une réponse à des pressions exercées par les institutions internationales financières (la banque mondiale et le fond monétaire international) ou/ et non financières (Big4, les multinationales).
Faisant partie des pays en développement, la Tunisie sera amenée à adopter les IFRS tôt ou tard, soit par mimétisme (l’union européenne a adopté les IFRS depuis 2005) soit pour répondre aux pressions exercées par les institutions financières internationales surtout que la Tunisie a été désignée par plusieurs experts comme étant «un bon élève de la banque mondiale ». Entre temps, la question relative à la pertinence des IFRS pour ce pays reste posée. La Tunisie est un pays arabo-musulman, dominé par la culture euro continentale due à la colonisation française étalée sur 75 ans. Sur le plan économique ; malgré les tentatives de privatisation entreprises dès les années 90, la taille des entreprises publiques demeure importante. De plus, le secteur tunisien est dominé par les micros, les petites et moyennes entreprises. (83% d’un total de 84500 entreprises sont des micros entreprises). Est-ce que ces micro-entreprises sont vraiment aptes pour supporter la lourdeur des IFRS (Full IFRS) ? Et même si on va parler de l’IFRSPME (créée par l’IASB depuis juillet 2009 pour les petites et moyennes entreprises), cette dernière sera- elle convenable pour ces entités ayant des dispositifs comptables, financiers et humains plutôt simplistes pour ne pas dire rudimentaires ? Est ce que ces entités sont prêtes pour subir les conséquences de cette nouvelle formule telle que conceptualisée par l’IASB sans qu’elle n’a été testée auparavant ?
Sur le plan financier, jusqu'à 2009 la bourse des valeurs mobilières de Tunis connait la cotation uniquement de 52 entreprises dont 23 sociétés sont des établissements financiers, situation qui peut être expliquée par la mentalité des investisseurs tunisiens dominée par l’orientation au financement auprès des banques et par les habitudes des épargnants (achat de terrains, constructions). Dans ce cas, la simple adoption des IFRS sera-elle suffisante pour améliorer la situation de la bourse de tunis ? Est-elle suffisante pour désorienter la mentalité des dirigeants et des investisseurs tunisiens ? Sinon, n’est-il pas judicieux d’activer le marché financier tunisien avant d’adopter les IFRS qui nécessitent un marché actif pour pouvoir appliquer la notion de juste valeur ?
Pour ce qui est normalisation comptable, la Tunisie a été considérée comme étant avant-gardiste suite à l’instauration du nouveau système comptable des entreprises répondant à ses besoins nationaux micro-économiques et surtout adhérant à la logique internationale tout en favorisant la méthode du coût historique, depuis 1996. Néanmoins, malgré les tentatives du normalisateur tunisien à déraper la comptabilité tunisienne, vers une anglo-américaine privilégiant l’investisseur, le niveau de divulgation de l’information financière est resté restreint à cause des pressions exercées par l‘administration fiscale ( 1ier utilisateur concret de l’information financière).D’un autre coté, bien que la profession comptable était bien réglementée en Tunisie depuis 1983, la connaissance des IFRS est un atout rétréci aux experts comptables . Pour la majorité des autres professionnels (comptables), les connaissances sont plutôt limitées au système comptable tunisien : une auto-formation en la matière et en anglais parait être primordiale avant d’entreprendre une telle adoption des IFRS. Sur un autre plan, Les recherches tunisiennes en comptabilité sont encore de l’ancre sur papier stockées dans les bibliothèques. Il sera pertinent et judicieux que le conseil national de comptabilité prenne en considération les résultats trouvés dans les recherches orientées IFRS (études de perception…) et d’impliquer les différentes parties pour la prise d’une telle décision stratégique surtout qu’on est dans une nouvelle ère supposée admettant la démocratie. Enfin, il convient de noter qu’il existe une disparité énorme quant à l’appréciation des avantages, des défis potentiels et surtout quant au choix de la stratégie à suivre pour instaurer les IFRS en Tunisie : une simple convergence du système actuel avec les IFRS, pour les préparateurs et les utilisateurs des états financiers, une adoption des IFRS limitée aux sociétés cotées (les enseignants chercheurs de comptabilité) et IFRS pour les sociétés cotées et IFRS PME pour le reste. L’absence de consensus concernant ce sujet sera à l’origine de la non-conformité aux exigences des IFRS en cas d’adoption et donc les objectifs ambitionnés ne seront pas atteints.

samedi 12 mars 2011

Des questions

Par Mohamed Faker KLIBI (Universitaire)
Après la chute du mur de Berlin et le démantèlement de l’Union Soviétique, le mot d’ordre devient : mondialisation… et le mot clé qu’on peut lui associer : one size fits all !!. Dans ce cadre, tous les pays de ce monde on perdu leur intimité économique, politique, sociale et même culturelle. Dans ce nouvel ordre mondial, la normalisation comptable n’a pas été épargnée par cette vague de mondialisation et depuis, l’International Accounting Standards Board (IASB) a trouvé une légitimité qu’il cherchait depuis 1973 ; date de sa création. Les IFRS sont des normes sophistiquées et qui ont pour objectif d’élever la qualité du reporting financier des entreprises qui les appliquent. En termes moins savants, avec les IFRS, les comptables ne seront plus considérés comme de simples compteurs d’haricots !!. Cependant, ces normes sont – elles utiles pour les Pays En Développement ? Les professionnels comptables (les experts comptables, les comptables agrées et les comptables salariés) et les enseignants de la comptabilité sont – ils dotés d’une vraie culture d’apprentissage à vie (lifelong learning) que suppose la maîtrise des IFRS ? Nos universités sont – elles prêtes pour assurer des cours qui respectent l’esprit des normes internationales ? Nos entreprises sont – elles bien gouvernées pour appliquer d’une manière neutre les IFRS ? Et si ces normes ne sont pas appliquées d’une manière neutre avons – nous une forte société civile pour dénoncer voire sanctionner toute pratique ayant pour objectif de nuire à la transparence financière et économique ? Enfin, l’adoption des IFRS ferait – elle des pays en développement…des pays développés ????... ?
Ce blog a pour objectif de générer des réflexions qui prennent en compte un ou plusieurs mots clés suivants : IFRS – Pays en développement – Pertinence d’adoption – état de transparence – développement économique, politique, social…etc. Si cette idée vous intéresse, merci de me faire parvenir vos réflexions à l’adresse suivante : faker.klibi@planet.tn

dimanche 6 mars 2011

Les normes IFRS dans les pays MENA : parle-t-on d’un produit de marque ?


Anas KOSSENTINI (Universitaire ; Doctorant en Sciences Comptables)

Longtemps débattue dans les écrits académiques et professionnels, la question de la pertinence des normes comptables internationales –IFRS–, pour le cas des pays en développement, a fait l’objet de vives contestations constamment renouvelées. L’organisme international de normalisation comptable (IASB), jouit ces dernières années d’une reconnaissance mondiale, non seulement dans les pays développés (pays de la zone Euro, Canada, Australie), mais aussi dans les pays en développement, entre autre les pays MENA (Les pays du Moyen Orient et du Nord Afrique). Confier la normalisation comptable à un organisme professionnel privé et distant dans ces pays laisse surgir à la surface d’un débat, de plus en plus routinier, une vague de questions, et même parfois, « d’énigmes » où les réponses semblent être divergentes et antinomiques. Est-ce-que le recours à de telles normes, originairement conçues pour satisfaire le besoin des pays développés, pourrait jouer le rôle d’un substitut merveilleux des normes comptables locales, parfois, inexistantes ? S’agit-il d’un réel besoin de transparence de l’information financière ou d’un simple mimétisme aveugle, privé de toute sorte de réflexion ou d’esprit critique ? Parle-t-on d’un produit de marque permettant à son acquéreur de conquérir un certain « prestige » commercial, ou du moins une légitimité ?
Même si, parfois, l’adoption des IFRS n’est pas totale, aujourd’hui, aucun pays MENA n’ignore ou rejette les IFRS. Si, d’un coté, on s’inspire de ces normes internationales pour concevoir les normes locales (par exemple la Tunisie et l’Iran), on peut, d’un autre coté, les rendre permises (par exemple le Maroc et l’Israël) ou même obligatoires pour quelques types de sociétés (par exemple l’Arabie Saoudite). Nécessitant l’adoption totale des IFRS pour pouvoir qualifier un pays d’adoptant sérieux, plusieurs sont ceux qui pensent que les autres formes d’adoption « partielle » ne sont qu’une façade trompeuse, qui se dissimule derrière la fameuse expression « adoption des IFRS ». Le recours à ces formes d’adoption déplacées et qui défavorisent les normes comptables locales, souvent satisfaisantes et qui sont conçues pour répondre aux particularités du pays, est accompagné par un manque de familiarisation tant sur le plan éducatif que professionnel.
Considérées aux yeux du professeur Belkaoui comme « transfert/adoption d’une technologie », les normes IFRS ressemblent ces jours-ci à « facebook » (le portail de communication le plus populaire dans le monde). Même si ce dernier s’affronte à des produits de substitutions (essentiellement Twitter et FlickR), offrant parfois des caractéristiques plus sophistiquées, aucun des utilisateurs des réseaux sociaux ne peut se passer à coté d’un compte « facebook ».
En effet, si on prend l’exemple du Maroc qui a rendu l’utilisation des IFRS permise pour les sociétés cotées à partir de 2004, on remarque que quelques sociétés ont opté pour le référentiel international, alors que les autres continuaient à utiliser les normes marocaines qui se rapprochent d’un modèle comptable franco-germanique. Face à deux référentiels complètement divergents, le résultat ne peut être qu’une paralysie au sein du milieu des affaires. Certes, les préoccupations de la légitimité internationale sont importantes, mais, dans un monde caractérisé par le décloisonnement des marchés financiers et économiques, la valeur ajoutée que pourrait apporter le titre « pays adoptant des IFRS », semblerait prendre le dessus. Attirer les investisseurs étrangers par une pseudo-adoption, a pour objectif de faire apparaitre avoir un meilleur reporting financier basé sur un produit de marque (IFRS), légitime et internationalement reconnu.
Bien que l’analyse ci-haut avancée ait parti d’une logique commerciale, expliquer un phénomène comme celui de l’adoption des IFRS dans les pays en développement reste toujours ardu et nécessite de gros efforts de la part des chercheurs en la matière. Face à cet énorme défi, et en ayant confiance en la qualité des chercheurs tunisiens et arabes, je suis plein de certitudes que les travaux et les écrits dans ce sujet vont se multiplier dans une ère de démocratie globale qui règne le monde arabe. Une ère, où les plumes se sont libérées.

jeudi 24 février 2011

La démocratie et la démocratisation de l’information à travers les IFRS permettent-elles d’atteindre un meilleur stade de développement ?


Par Fatma BEN SLAMA (Universitaire; Docteur ès sciences de gestion)

Pour parler de développement, il faut tout d’abord définir le sous développement. Je trouve que la meilleure façon de le faire consiste à se référer aux critères des organisations internationales qui financent le développement telles que l'Organisation des Nations Unies et la Banque Mondiale. En effet, ces institutions se basent sur plusieurs critères pour accorder à un pays le qualificatif de PED. Ces critères sont: la pauvreté, la croissance rapide de la population, le taux de chômage élevé, l’inégalité dans la distribution des revenus et des richesses, le déséquilibre dans le développement régional, des dettes extérieures importantes, un faible niveau technologique et un besoin pressant pour améliorer l'éducation (Wallace, 1990). A côté de ces critères macro économiques et sociaux, il est possible de rajouter un critère micro économique relatif à la faiblesse des modes de gouvernance des entreprises.
Si nous observons la réalité de la Tunisie, nous trouvons que la majorité de ces critères est malheureusement vérifiée. On ne peut nier qu’en Tunisie, la révolution s’est déclenchée principalement à cause des taux de chômage élevés chez les diplômés et les non diplômés à côté de disparités régionales importantes entre Kasserine, Sidi Bouzid par exemple avec la capitale et les autres villes côtières et des niveaux de pauvreté choquants. Les tunisiens se sont aussi révoltés contre l’accaparation des richesses du pays par une élite économique non seulement proche du pouvoir mais qui représentait le pouvoir. Malgré tous les progrès entrepris auparavant en matière d’éducation, notre système souffre, on ne sait vraiment pour quelles vraies raisons, internes dues à une incompétence ou à une préméditation ou externes et pas vraiment innocentes qui nous ont encore et encore enfoncées dans le sous-développement. De tous ces critères, je pense qu’on n’a pu que contrôler la croissance rapide de la population dont le mérite revient évidemment à l’époque de Bourguiba.
A tous les niveaux du pays, les problèmes de mauvaise gouvernance et de corruption, sont flagrants, de l’entreprise aux institutions gouvernementales, rien ne semble être gouverné de la meilleure des façons. L’héritage est malheureusement de grandes dettes extérieures qui compromettent le futur du pays.
En voilà le fruit des dictatures, un enfoncement de plus en plus grand dans le sous-développement, tels que défini par les institutions internationales, et une perte d’au moins 2 points de croissance économique annuelle. Pourtant, nombre de gouvernements étrangers et d’institutions avaient applaudi les avancées de la Tunisie en matière économique. On avait l’impression qu’il ne manquait presque rien pour atteindre la transparence financière à part une adoption des IFRS prévue pour 2014. Un lot de normes sophistiquées élaborées pour traduire la réalité des transactions des pays développés. Une pareille décision avait-elle vraiment un sens dans un pays qui se noyait dans l’opacité et dont presque toutes les transactions étaient mystérieuses ? Là où toute voix qui s’élevait pour demander des comptes, juste de l’information était indésirable ?
Un lot de normes, constitue, à mon sens, un lot d’outils nécessaire mais pas suffisant pour atteindre une démocratisation de l’information économique et financière. La démocratisation de l’information financière ne peut pas être offerte, elle suppose un public averti qui la demande et qui est doté d’outils pour l’exiger. Par conséquent, le passage à la démocratie, qui est synonyme de droit à l’information, de droit à l’opposition, de contestation, d’implication dans les choix stratégiques du pays, de reddition des comptes et de transparence permettra au tunisien de bénéficier d’une vraie voie vers le développement économique… Pour le développement de la vie culturelle, les efforts à faire sont énormes mais je suis vraiment optimiste et je fais confiance au génie des intellectuels tunisiens!

dimanche 20 février 2011

La Transparence Financière : une notion qui rime bien avec la démocratie !


La transparence financière a souvent été un souci majeur pour les économistes, les financiers et les comptables. Cette notion rime bien avec les exigences des Sociétés les plus développées dotées d’institutions gouvernementales et non gouvernementales et de Société civile capables d’instaurer un minimum de transparence dans les transactions. Dans les pays les moins développés, les gouvernements ont souvent entrepris des réformes, répondant aux exigences d’institutions financières internationales, tels que le FMI et la Banque mondiale pour montrer des progrès, supposés, en matière de transparence. Parmi les principales réformes, nous citons l’adoption des IFRS, en tant que normes d’information financière sophistiquées qui garantissent, théoriquement, sur le plan quantitatif, un plus grand flux d’information et sur le plan qualitatif, une meilleure pertinence, fiabilité, comparabilité et intelligibilité.
Les plus sceptiques ont souvent considéré que les IFRS ne peuvent pas être dissociées par rapport au contexte de leur adoption en ce sens que si elles sont adoptées dans un environnement de bonne gouvernance, elles peuvent être efficaces. Par contre, leur adoption dans des pays, en développement, dont les institutions sont fragiles par rapport au pouvoir suprême d’une élite économique proche du pouvoir, ne peut relever que de la pure publicité qui renforce l’image de marque du pays face à un besoin en IDE. Ces pays, manquaient de motivation en matière de transparence et se noyaient de plus en plus dans une opacité souhaitée qui favorisait les inégalités sociales et l’impunité des dépassements.
Aujourd’hui, les pays en voie de développement depuis des décennies, sont enfin, aussi en voie de démocratie qui induit forcément une voie vers la transparence financière. La révolution tunisienne et les révolutions qui s’en suivent ont été alimentées par une soif d’égalité sociale, de partage équitable des richesses. Des richesses, qu’il faut compter, en rendre compte, contrôler pour pouvoir les allouer. Le comptable peut, à mon sens, enfin, pouvoir jouer pleinement son rôle capital au service de la transparence et de la démocratie.

mardi 18 janvier 2011

Interview intégrale que j’ai accordée à Eco-Journal



Eco-journal : Comment jugez-vous les normes comptables actuellement utilisées en Tunisie?

Mohamed Faker KLIBI : L’application des normes comptables nationales actuellement en vigueur date de 1997. Donc, après 14 ans d’application, je crois que les professionnels comptables (experts comptables, comptables agrées, comptables salariés) ont bien saisi l’âme desdites normes et fournissent,  par conséquent, une bonne expertise aux entreprises tunisiennes (et les entreprises étrangères aussi). Cette situation a été profitable pour les utilisateurs des états financiers (qu’on peut aussi qualifier d’acteurs économiques)  ; surtout les  investisseurs, les banquiers, les analystes, les  journalistes et… le public d’une manière générale (peu initié aux chiffres comptables) qui accède de plus en plus à une vulgarisation des informations financières et comptables (souvent techniques) assurée par la presse économique et financière (revues spécialisées, sites web, radios, blogs…etc.). En bref, jusqu’à maintenant, je pense que les normes comptables tunisiennes décrivent adéquatement  l’activité des entreprises  et adhèrent aux besoins actuels des utilisateurs des états financiers. Mais, en économie il faut toujours savoir  anticiper les besoins futurs des différents acteurs économiques, surtout ceux qui observent l’entreprise de l’extérieur et qui s’intéressent éventuellement à l’évaluation de ses activités pour une raison ou pour une autre. En effet, dans un environnement mondialisé et dont l’évolution est très rapide et contingente, on ne s’intéresse plus uniquement à la performance et à la situation financière intrinsèques de l’entreprise ou bien  à la manière avec laquelle cette dernière est gérée. Il faut plutôt que l’information publiée renseigne sur les impacts positifs et négatifs du marché (commercial, financier, bancaire, immobilier…etc.) sur la performance, la situation financière et la richesse des propriétaires de l’entreprise. Sur le plan normatif, il faut passer d’une logique comptable basée sur le coût historique à une logique comptable qui plaide en faveur de la juste valeur. C’est pour cette raison que la Tunisie se prépare actuellement à passer à une autre réforme comptable consistant à adopter le référentiel comptable international qui met en avant un principe comptable (parfois contesté, parfois désiré) nommé juste valeur.              
EJ : Les entreprises tunisiennes et les experts comptables sont-ils prêts pour le passage vers les normes IFRS? Pourquoi?

MFK : Actuellement aucune personne (morale ou physique) n’est prête pour assurer ce passage. C’est pour cette raison que la décision d’adoption des normes IFRS est dotée d’une dimension stratégique : l’adoption des normes internationales n’est pas pour demain, il faut donc se préparer encore. Mais il faut dire que cette préparation est très difficile. Pour maîtriser les normes IFRS, les grands cabinets d’expertise comptable dotés d’importantes ressources financières et d’un réseau international très puissant ont su former leurs experts et collaborateurs – en Tunisie et à l’étranger – auprès d’un nombre de formateurs d’une réputation internationale. Actuellement, ces cabinets (qui ont déjà reçu leur formation) proposent de former les cadres d’entreprises tunisiennes en contre partie, ils demandent une rémunération dépassant, parfois, le budget de formation de la majorité des entreprises tunisiennes surtout les PME. Les autres  experts comptables et les universitaires (spécialistes en comptabilité)  comptent plutôt sur leurs propres moyens pour se former et former des professionnels comptables ou des étudiants inscrits en licences ou en  mastère comptabilité. Dans ce cadre, quoique l’effort consenti  par ces derniers intervenants soit louable pour qu’ils se forment eux même, je pense que  l’Etat est appelé à intervenir (surtout pour le cas des universitaires) pour les aider à mieux maîtriser les IFRS et à assurer, par conséquent, un enseignement d’une meilleure qualité pour les futurs comptables et experts comptables.   

EJ : Est ce qu'il y a une démarche bien déterminée à suivre pour l'adoption de ces normes?

MFK : Pour réussir l’adoption et surtout l’application des normes IFRS,  il est impératif d’impliquer tous ceux qui s’intéressent à la chose comptable et à la transparence du milieu des affaires. Dans ce cadre, une commission consultative qui représente l’Etat, les professionnels comptables, les universitaires, les chefs d’entreprises…etc., pourrait fédérer l’effort de tous ces acteurs et à laquelle sera confiée la charge de la préparation d’un plan d’action rigoureux qui retrace l’ensemble des étapes menant à l’adoption des normes internationales. A mon avis, le point central qui doit être discuté lors de la préparation de ce plan est la formation des comptables. C’est eux qui, par leur pratique adéquate et raisonnée des IFRS, peuvent éclairer les différents acteurs économiques sur la véritable santé financière des entreprises. Ce plan doit ressortir un référentiel de compétences (génériques et techniques) requises pour bien appliquer les normes comptables internationales. Ce référentiel doit être pris en considération par les formateurs professionnels et par les universitaires. 

EJ : Quels sont les différents apports de ces normes?

MFK : Les apports de ces normes sont nombreux. On va se contenter d’évoquer et d’analyser les apports les plus pertinents : 
1.      
 L’apport des normes IFRS , serait tout d’abord bénéfique sur un niveau macro – économique parce qu’une pareille démarche est susceptible de renforcer l’adhésion de la Tunisie par rapport à une communauté internationale (notamment les pays développés)  prête à nous faire bénéficier d’un investissement direct étranger et de ses avancées technologiques en la matière. Ajoutée à cela une meilleure lisibilité des comptes de nos entreprises par les utilisateurs étrangers.
2.        
Avec l’application des normes IFRS on peut assister à une sorte de démocratisation de la relation entreprise – utilisateurs des informations financières et plus particulièrement le public. En effet, les normes internationales poussent les dirigeants des entreprises à publier le maximum d’informations renseignant sur les faits économiques et financiers ayant impacté ou susceptibles d’impacter  l’activité présente et future de l’entreprise. Dans tout ça, je pense à un utilisateur bien particulier : le public. En effet, les bailleurs de fonds, les analystes et les journalistes ont leurs propres moyens (privés) pour accéder à une information de qualité. Le grand public, on ne peut l’intéresser que par une information publique ; donc celle mesurée sur la base des normes IFRS. Dans ce cadre, on compte beaucoup sur les journalistes spécialisés  (à mon avis c’est une mission nationale) pour vulgariser les informations comptables et financières pour que le grand public, constitué de citoyens appartenant à la classe moyenne (plus de 80% de la population tunisienne), contribuent à l’essor de notre économie (en investissant dans la bourse par exemple ou en prenant  plus d’initiative en matière de constitution des sociétés).     
3.        
A mon avis, les normes IFRS respectent mieux l’intelligence et le travail du professionnel comptable. En effet, ces normes se basent essentiellement sur des principes et ne fournissent pas des règles comptables précises à suivre à la lettre par le professionnel comptable. Ce dernier semble avoir une obligation de résultat : publier des informations à caractère financier qui aident à la prise d’une décision économique. Donc, en se basant sur ces normes, le comptable devrait s’imprégner de la culture comptable qu’inspirent les  IFRS,  compter sur son jugement professionnel pour interpréter lesdites normes dans un sens qui aide à rendre l’entreprise transparente et à être, par conséquent, mieux suivie par les investisseurs, les analystes, les journalistes…etc.
 

Offrir plus de possibilités à nos étudiants qui détiennent un diplôme de comptabilité à accéder au marché de travail d’autres pays. En effet, avec l’ouverture du marché de travail à l’international, nos étudiants peuvent valoriser leur savoir et savoir faire en offrant leurs  connaissances et aptitudes à d’autres entreprises qui se trouvent sous d’autres cieux et qui appliquent déjà les normes IFRS. C’est pour cette raison que l’université tunisienne a commencé, avant même que le normalisateur tunisien les adopte, à enseigner les normes internationales.       

L’évolution du marché boursier tunisien passe par une communication financière volontaire, régulière et efficace

C’est grâce à la communication financière qu’on peut parler d’un climat de confiance entre entreprises faisant appel public à l’épargne et la communauté financière : principalement les actionnaires, les investisseurs financiers potentiels, les analystes financiers, la presse économique et financière, les agences de notation, les syndicats, les étudiants – chercheurs et le - large public- d’une manière générale constitué par des agents économiques à capacité de financement mais peu familiarisés avec le monde de la bourse.
La communication financière peut être définie comme l’action de communiquer au public toute information qualitative ou chiffrée, souvent mesurée en se référant à une base monétaire, et renseignant sur l’activité économique (passée, présente et future) de l’entreprise. Les informations financières peuvent être issues d’un système d’information réglementé (comptabilité financière, donc nous parlons de données objectives) ou bien volontaire (dans ce cas, nous parlons de données subjectives). C'est dans ce sens que plusieurs études ont montré que communiquer financièrement aide les entreprises cotées à trouver facilement un financement (augmentation de capital ou émission d’emprunt obligataire), à promouvoir leurs titres, à diversifier leurs actionnaires et d’une manière générale à améliorer leur image institutionnelle.
Plusieurs supports peuvent aider l’entreprise cotée en bourse à s’exprimer financièrement et d’une manière efficace auprès de son public, nous citons à titre indicatif :
La presse économique et financière (télévisions, radios, revues spécialisées, journaux, sites Internet…etc.);
Le site Web de l’entreprise concernée (dans une rubrique spécifique appelée : actionnaires, investisseurs, finance ou données financières…etc.);
Les sites Internet des intermédiaires en bourse; et
Tout autre moyen permettant de transmettre fidèlement les données financières.
La politique de la communication financière au sein des entreprises cotées est normalement confiée à un spécialiste en la matière appelé informateur financier ou d’une manière plus fantaisiste « investor relation ».
La problématique de la communication financière devient, à notre sens, d'un intérêt majeur pour les entreprises tunisiennes, notamment à la veille de l’ouverture de notre économie sur le marché européen présentant des potentialités de compétitivité considérables. Mais, aujourd'hui, en Tunisie, peut-on parler d’entreprises qui sachent efficacement et régulièrement s’exprimer financièrement auprès du public qui s’intéresse de loin ou de près à leur activité ?
A notre avis, pour la majorité des entreprises tunisiennes cotées en bourse, le moyen le plus utilisé pour communiquer financièrement est la publication des états financiers annuels, semestriels et parfois trimestriels (surtout pour les établissements bancaires) dans des journaux locaux. Autrement dit, les entreprises se contentent de faire le strict minimum exigé par la loi comptable (loi 96 – 112 relative au système comptable des entreprises) et boursière (entre autres la loi 94-117 portant réorganisation du marché financier et la loi 2005-96 relative au renforcement de la sécurité des relations financières). Cependant, la compréhension des données comptables que nous trouvons dans les états financiers n’est pas accessible au large public qui a besoin d’une culture financière et boursière.
D’un autre côté, les entreprises tunisiennes, qui font appel public à l’épargne, essayent de transmettre des informations financières à travers des communiqués de presse publiés dans des journaux ou dans les sites Web de la bourse des valeurs mobilières de Tunis ou de quelques intermédiaires en bourse. Ces communiqués sont souvent repris par des sites spécialisés dans l’analyse financière ou bien par la presse économique et financière. Cependant, le contenu de ces communiqués est souvent général et peu analytique.
Les entreprises tunisiennes cotées s’expriment financièrement aussi lors des assemblées générales (ordinaires ou extraordinaires), à huis clos, c'est-à-dire devant leurs actionnaires (souvent institutionnels ou appartenant à une ou deux familles). Nous notons par ailleurs, que la communication financière est souvent faite d’une manière ponctuelle en ce sens que le grand public, souvent habitué à connaître les sociétés cotées à travers leur communication commerciale (spots publicitaires (à la télévision ou à la radio), affiches…etc.), peut accéder à une communication financière d’une entreprise immédiatement avant l’augmentation de son capital.
Il faut rappeler dans ce cadre, que l’une des caractéristiques de la communication financière est la régularité. A notre avis, ce qui reflèterait la volonté des entreprises tunisiennes en matière de communication financière régulière et volontaire, serait le contenu de leur site Web. C'est ce qui nous a poussé à investiguer le fait que les entreprises tunisiennes aient ou non prévu une rubrique (sous forme de lien) pour les actionnaires et les investisseurs financiers potentiels. Cette rubrique pouvant figurer sous l'un des noms suivants: actionnaires, investisseurs, finances, corporate, informations financières…etc. lire la suite

mardi 11 janvier 2011

une interview que j'ai accordée à EL WATAN - Algérie

«Actuellement, le SCF dépasse les besoins de l'entreprise algérienne»
Mohamed Faker Klibi. Docteur en sciences comptables
Safia Berkouk
El Watan : 10 - 01 - 2011
Mohamed Faker Klibi est docteur tunisien ès sciences comptables et enseignant à l'ESSECT de Tunis. Il s'intéresse depuis longtemps à la possibilité d'adoption des normes internationales d'informations financières (IFRS) par les pays en développement en général avec pour objectif de définir ses perspectives, ses opportunités et ses enjeux. Le chercheur défend l'idée selon laquelle l'adoption des normes IFRS pour les pays en développement revêt d'autres intérêts que le simple souci de transparence et circulation de l'information comptable et financière des entreprises. L'enjeu serait d'envergure internationale et c'est ce qu'il nous explique dans cet entretien qu'il nous accorde.
-Vous développez l'idée que l'enjeu de la mise en œuvre de normes internationales en matière de comptabilité pour les pays en développement n'est pas seulement interne et en relation avec l'intérêt immédiat des entreprises. Pourquoi ?

Le système comptable international est conçu pour...lire la suite sur ce lien

samedi 4 décembre 2010

la normalisation comptable en Algérie: l'avis des universitaires


Depuis le 1ier janvier 2010, les entreprises algériennes ont commencé l’application du Système Comptable Financier (SCF) – rappelons qu’initialement cette mise en application a été prévue pour l’exercice 2009, puis reportée pour l’exercice 2010- . Il s’agit d’une version proche du référentiel comptable international, celui de l’IASB. Donc, le normalisateur algérien a opéré des adaptations nécessaires pour que le SCF se rapproche de la réalité économique et des pratiques comptables jusque là imprégnées par le plan comptable général adopté depuis 1975. Cette semaine j’étais à Sidi Bel Abbès où j’ai présenté une communication intitulée « la normalisation comptable dans les pays en développement : explication par la sociologie du développement ». Dans mon intervention, j’ai essayé de montrer que l’adoption actuelle des normes internationales (IAS/IFRS) ne peut pas être expliquée par un besoin pressant visant l’amélioration du reporting financier des entreprises nationales. Car à l’état actuel des choses, les pays en développement passent par une ère (celle de la mondialisation, bien entendu, je parle des pays qui prennent la mondialisation d’un bon œil et acceptent par voie de conséquence l’ouverture et l’échange au lieu de mettre leur peuple dans un état d’autarcie) de rattrapage économique et social. Ils ont besoin donc d’une reconnaissance internationale (lire les modèles de développement sociologique et dans ce cadre j’invite le lecteur averti à consulter les travaux du sociologue belge Guy Bajoit). Cette reconnaissance internationale leur permettra de bénéficier du transfert technologique, les investissements directs – et indirects ; là je parle du développement des marchés financiers – étrangers, le bénéfice des normes comptables sans dépenser des coûts astronomiques…etc. Sur le plan comptable, les pays ayant adopté les normes internationales ou bien ayant adapté leur système national à leur réalité (économique, sociale, culturelle,…etc.) nationale (comme la Tunisie en 1997, l’Algérie en 2010), il s’agit d’une étape intermédiaire où à mon sens la pratique comptable ne jouera pas un rôle important, car personne (j’ose le dire) ne demande une information de qualité : c’est une étape de développement où la demande se fait exclusivement sur des informations privée. Cette demande est faite par une élite économique qui détient le capital et qui a un accès direct aux informations privées (celles détenues par les dirigeants). L’ère de l’information publique (donc, l’information comptable) viendra après un véritable développement économique où la classe moyenne participera effectivement dans la vie économique du pays et demandera une information publique, c'est-à-dire l’information comptable produite sur la base des normes sophistiquées et de haute qualité : les IAS/IFRS. En conclusion, l’adoption des IAS/IFRS dans l’état actuelle des choses est une nécessité pour pouvoir adhérer à la communauté internationale et bénéficier du partage. Dans ce cas, il faut saisir l’âme des normes internationales (on compte sur les universités (dans le cadre de la formation de base) et les cabinets de formation, mais aussi les universités (dans le cadre de la formation continue)) et passer à leur pratique. Dans quelques années, on connaîtra un meilleur développement économique et on demandera une information de qualité et on la trouvera grâce à toute une communauté qui s’intéresse et croit à la comptabilité.

Enfin, je remercie tous les universitaires et les praticiens algériens qui m’ont accueilli avec beaucoup de générosité et je les félicite car ils ont su mettre la comptabilité et les normes internationales dans un cadre de débat.

samedi 23 février 2008

Adopting IFRS and the position of African countries


This map of the world (this map is showed in the web site of the IASB) displays countries that have adopted IAS/IFRS (countries in red), countries that have begun to move to IAS/IFRS (countries in orange) and countries that have adapted their local standards to the IASB’s standards (countries in yellow). We can gather that the majority of African countries (countries in white) waits until now to make a decision. I invite all the African accountants to give their ideas and opinions about the position of their countries in this area.

jeudi 21 février 2008

la relation : normes IFRS, qualité meilleure des informations financières et bonne prise de décision est - elle évidente?

J’ai lu un article de presse paru dans un site (tunisien) d’information économique et financière (qui date du 04/05/2007) qui nous propose (tout simplement) le paragraphe suivant : « L’adoption en Tunisie de normes comptables conformes au référentiel international conduit à une amélioration de la qualité de l’information financière et comptable, ce qui facilite aux investisseurs la prise de décision ». Personnellement, je suis favorable à l’adoption des normes internationales d’information financière, mais après des études rigoureuses capables de donner une argumentation convaincante à la relation proposée par le journaliste. Les normes IFRS ne peuvent pas à elle seules changer le paysage de la communication financière en Tunisie (il faut du tout pour faire un monde) : la transparence est une question de volonté que les dirigeants des entreprises doivent exprimer pour hisser la qualité des informations publiées (j’assure le journaliste, même avec un plan comptable de dix pages on peut atteindre cet objectif…car la transparence ne dépend pas uniquement des normes internationales). Dans ce cadre, je propose de mettre en place un observatoire de la communication financière (comme c’est le cas de plusieurs pays) et ce, pour institutionnaliser d’une manière explicite la transparence de l’information financière. Le rôle de l’observatoire sera, en un mot, de faire des enquêtes et des études ayant pour objectifs l’amélioration de la communication financière. Les études de cet observatoire pourraient nous dire est ce que vraiment l’adoption des normes IFRS améliorera ou non la qualité de l’information financière pour que nos investisseurs prennent la bonne décision.

samedi 5 janvier 2008

qui décide de la normalisation comptable en Tunisie?

J’ai lu dernièrement une interview de Mr Salah Dhibi (président de l’ordre des experts comptable de Tunisie). L’interview porte sur les possibilités d’adoption des normes IAS/IFRS par la Tunisie. J’ai apprécié son avis qui inspire une position favorable quant à une pareille adoption (surtout pour les entreprises cotées à la bourse des valeurs mobilière de Tunis (une cinquantaine !)). Le journaliste lui a posé la question suivante : quelle est la position du gouvernement sur la question (c'est-à-dire la possibilité de l’adoption des normes internationales). Mr Dhibi a répondu « le gouvernement est en train de réfléchir sur la question. Il veut d’abord écouter la profession et pour cela une commission a été crée…) ». Ma réaction est la suivante : écouter la profession… uniquement ! Je ne sais pas si nos décideurs savent ou non qu’il y a des académiciens (enseignants – chercheurs universitaires, dont une dizaine dotée d’un doctorat ès comptabilité) dans ce pays. Ces enseignants – chercheurs, utilisent les ressources publiques (argent du contribuable) pour concevoir des recherches utiles pour le pays dans le domaine de la comptabilité (dans sa dimension scientifique et pratique). Ce sont des gens qui maîtrisent la langue anglaise pour lire les documents (version originale) relatifs aux normes IAS/IFRS tels que publiés par l’IASB (International Accounting Standards Board). Ce sont des gens qui publient et communiquent leurs travaux de recherche un peu partout (dans des revues internationales de renommée et dans des congrès et colloques internationaux de haute envergure : en Europe et aux Etats – Unis). Tous ces travaux sont publiés et communiqués au nom des universités TUNISIENNES. Mais en même temps, je dis que les académiciens comptables n’ont pas su (ou pu) jusqu’à maintenant mettre en place leur propre association qui pourrait exercer une pression (dans le sens pacifique du terme) pour entendre sa voix (comme c’est le cas aux Etat – Unis avec l’AAA (American Accounting Association). Faute de quoi, prière messieurs les décideurs de prendre notre avis sur cette question, nous pouvons être utiles et nous ne voulons pas que nos recherches soient « de l’encre sur papier ».

jeudi 3 janvier 2008

Mot de bienvenue

Bonjour à tous, je suis Mohamed Faker KLIBI de nationalité tunisienne. Je suis docteur ès sciences comptables et j’enseigne des matières comptables à l’Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis (ESSECT). Je m’intéresse actuellement à la possibilité d’adoption des normes internationales d’informations financières (IFRS) par les pays en développement en général et la Tunisie en particulier. Mon objectif est de retracer les perspectives d’une telle adoption, ses opportunités mais aussi ses enjeux. Je compte sur vous pour enrichir cette discussion.