jeudi 3 mai 2018

Oui, le Maroc peut réussir l’application des normes IFRS


Ces derniers jours, j’ai eu le plaisir et l’honneur d’être désigné rapporteur d’une thèse de doctorat qui a été soutenue dans les locaux du groupe ISCAE Casablanca (Maroc). Pour moi, c’était aussi l’occasion de découvrir des Professeurs d’un niveau intellectuel très fort et un cadre de recherche des plus agréables et encourageants. C’est Mr. Mhammed El Hamza qui a préparé cette thèse de doctorat qui a pour titre « la convergence du référentiel comptable marocain aux normes IFRS ».
La problématique de la thèse est bien construite et est pertinemment délimitée. A travers sa formulation, le lecteur peut saisir « la raison d’être » de la recherche doctorale. Mr. El Hamza a réussi à dresser des chronologies comptables spécifiques au contexte marocain en identifiant les différentes tentatives de normalisation comptable à travers le temps et de leur associer différents facteurs environnementaux qui les ont favorisés. L’auteur a, par ailleurs, passé à la présentation des IFRS et les avantages de leur application dans un contexte mondialisé. Ensuite, il a relativisé lesdits avantages en se référant aux cas des pays en développement (notamment la Tunisie et l’Algérie). Pour ces derniers, la réussite de l’application des normes comptables internationales est tributaire de plusieurs facteurs.


Sur le plan méthodologique, Mr El Hamza a opté, essentiellement, pour deux stratégies de vérification empirique.
Dans un premier temps, et afin d’analyser l’impact du passage aux normes IFRS, Mr. El Hamza a comparé les états financiers des groupes marocains cotés sur la bourse de Casablanca. Plus précisément, 5 indicateurs comptables ont été analysés en se référant à deux situations : mesure sur la base du CGNC (Code Général des Normes Comptables) et mesure sur la base des IFRS. Les 5 indicateurs comptables, décrivant la performance et la situation financière de 15 groupes marocains ayant appliqué les IFRS, sont : le résultat net, le goodwill, les capitaux propres, les immobilisations corporelles et les actifs financiers. La mesure a été effectuée pendant l’année du passage de la normalisation locale à la normalisation internationale. Dans ce cadre, l’auteur de la thèse a collecté les données de l’exercice N-1, déjà mesurées sur la base du CGNC et retraitées à l’occasion dudit passage (recommandation inscrite dans la norme IFRS 1). Statistiquement, les comparaisons ont été faites en se référant aux tests de comparaison des moyennes et des variances, à savoir (successivement) le test de Student et le test de Fisher-Snedecor. Ces deux tests sont en parfaite adéquation avec le fait que l’échantillon étudié correspond avec un nombre réduit de groupes de sociétés. Le recours à ces tests paramétriques est justifié par le fait que la distribution des données collectées suit une tendance normale (gaussienne).
A travers les résultats de cette première approche (analyse comparative des états financiers préparés selon le code local et les états financiers préparés selon les IFRS), Mr. El Hamza montre qu’il y a un impact significatif sur les chiffres comptables suite au passage aux normes IFRS.

Dans un deuxième temps, Mr. El Hamza a mené une investigation sur le terrain via une enquête par questionnaire. Cette enquête a pour objectif de répondre à plusieurs questions comme :
1. Quelles seraient les difficultés qui accompagneront le passage aux normes IFRS ?
2. Dans quelles mesures le recours aux IFRS serait bénéfique aux groupes d’entreprises marocains ?
3. Quels sont les facteurs qui favorisent le recours aux normes IFRS ?
4. Quelles sont les rubriques des états financiers qui seraient impactées par le passage aux normes IFRS ?

Mr. El Hamza dégage plusieurs résultats issus de l’enquête que j’estime pertinents et en accord avec l’objectif initial de la thèse. En effet, il a été démontré que le coût du passage aux normes IFRS constitue une principale difficulté souvent évoquée par les professionnels de la comptabilité au Maroc. Devant ce constat, docteur El Hamza estime que seuls les grands groupes de sociétés pourraient être en mesure de réussir ledit passage. Par ailleurs, les répondants confirment le poids des institutions internationales en ce qui concerne l’adoption des normes comptables internationales. Cette idée confirme une des dimensions de la théorie néo institutionnelle, à savoir l’isomorphisme coercitif. Par ailleurs, l’adoption des normes IFRS s’avère nécessaire vu que l’actuel Code Général de la Normalisation Comptable est perçu comme peu pertinent lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins comptables des grands groupes cotés. Les autres résultats commentés par l’auteur semblent vérifier les autres dimensions de la théorie néo-institutionnelle, à savoir l’isomorphisme professionnel et l’isomorphisme mimétique.

samedi 14 avril 2018

USING INTERNATIONAL STANDARDS AS A COMPLEMENT TO OVERCOME THE UNACHIEVED NATURE OF LOCAL GAAPs: The case of a developing country



Klibi, M. F. (2016), "Using international standards as a complement to overcome the unachieved nature of local GAAPs: the case of a developing country", Journal of Applied Accounting Research, Vol. 17 No 3, pp. 356-376 (Emerald publishers).

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Purpose- In recent years, Tunisian listed companies have been preparing their financial statements under a hybrid set of accounting standards; a mixture of national and international standards. This paper aims to empirically verify to what extent this particular form of de facto compliance with IAS/IFRS (which are not authorized in Tunisia) is used among listed companies. Our paper further analyzes accounting professionals’ perception of the current state of Tunisian standards and their attitudes in the absence of relevant national GAAPs.

Design/methodology/approach- Two methodological approaches were used to answer the paper’s research questions: a document analysis approach and a survey questionnaire.

Findings- The document analysis revealed that a growing number of listed companies complement local GAAPs by standards they select among IAS/IFRS. The perception study indicated that Tunisian Accounting Standards are, indeed, less suitable for listed companies’ needs. Accordingly, when there is no local standard to measure a specific transaction or event, accounting professionals seem to have no problem in using some IAS/IFRS as a complement to overcome the unachieved nature of local GAAPs. However, the overall findings are likely to suggest that international standards used must not conflict with the Tunisian conceptual framework’s provisions. This means that the use of IAS/IFRS in conjunction with local GAAPs is generally perceived as being beneficial to the quality of financial statements.

Research limitations/implications – This study may be of interest to many developing countries that have not continued the harmonization of their accounting standards with IAS/IFRS. Future research should focus on the reasons which have led to this unachieved harmonization and the consequences of the normative gap which might emerge.

Practical implications – Previous research has often shown how difficult it is to apply international accounting standards in developing countries, especially when they do not correspond to the companies’ needs. Difficulties could occur when local standard-setters do not accurately know which new international standards are suitable to the market needs. Our study gives some insights suggesting that corporate accounting practices should be analyzed to understand the real needs for new standards.

Originality/value – The paper highlights the beginning of a de facto convergence with international accounting standards without any support of national de jure convergence. Consideration of this phenomenon may contribute to the understanding of the malaise that characterizes the current accounting standard-setting in developing countries.

Keywords: Developing countries, Tunisia, Accounting standard-setting, Unachieved harmonization, Normative gap, Listed companies, IAS/IFRS, Accounting professionals.

ACCOUNTING DEVELOPMENT IN A CHANGING ENVIRONMENT: The case of Tunisia



Ben Slama, F. and Klibi, M.F. (2017), "Accounting development in a changing environment: the case of Tunisia", International Journal of Law and Management, Vol. 59 No 6, pp. (Emerald publishers)

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Purpose- The purpose of this paper is to discuss accounting development in Tunisia, which is a developing North African country little known in the international accounting literature.

Design/methodology/approach- Methodologically, this paper is based on an exploratory approach. It uses the descriptive tradition of research by collecting and analyzing numerical and narrative data in order to identify and describe environmental factors that favor or hamper accounting development in Tunisia.

Findings- This paper indicates that Tunisian companies have been applying the Enterprise Accounting System (EAS) since 1996. This system, while keeping with the logic of a chart of accounts, represents a first attempt to harmonize with international accounting standards. Accounting harmonization in Tunisia is meant to support the strategy, launched in the early 1990s, to integrate the country into the globalization process. Accordingly, the EAS has helped to achieve macroeconomic benefits (public interests). However, it does not lead to the desired level of financial transparency (private interests), especially that of large companies. Currently, Tunisian accounting standards neither reflect the rapid evolution of business activity nor changes in international accounting standards. This unachieved harmonization has led some listed companies to comply with some IFRS which are not included in the EAS.

Research limitations/implications- The unachieved harmonization in Tunisia is mainly related to the political system, taxation factors, the legal system, the weak state of corporate governance and governmental control over standardization.

Practical implications- This paper provides insights into the problems of developing countries that harmonize with international standards in order to achieve public interests. These countries may encounter many difficulties in bringing their accounting standards up to date. These difficulties seem to be associated with environmental specificities. Accordingly, international standardization bodies and developing country regulators should take into account environmental factors which are determinant for the harmonization decision to succeed.

Originality/value- This paper contributes to the existing literature on accounting development in developing countries. It implies that recent accounting development, as it is designed in Tunisia, is better suited to the needs of small businesses. Large companies would be compelled to complement local GAAPs by standards they choose, voluntarily, among international standards.
Keywords: accounting development in Tunisia, developing countries, unachieved harmonization, environmental factors, IAS/IFRS.

samedi 24 mars 2018

CONTRIBUTION A LA COMPREHENSION DE L’EFFICACITE DES COMITES D’AUDIT: ETUDE EXPLORATOIRE DANS LE CONTEXTE TUNISIEN


Klibi, M.F. (2015), "Contribution à la compréhension de l’efficacité des comités d’audit: étude exploratoire dans le contexte tunisien", Management International, Vol 19, Numéro spécial, pp. 219-234. Cette revue est référencée dans le classement de: CNRS, FNEGE, HCERES.

lien: cliquer ici

Résumé

Ce papier explore l’efficacité des Comités Permanents d’Audit en Tunisie (CPAT) qui ont pour mission de superviser les travaux des auditeurs internes et externes et de s’assurer de la fiabilité des états financiers. Les présidents de ces comités évoquent plusieurs facteurs qui limitent l’étendue et la profondeur de leur supervision. Ils reconnaissent que même si les textes réglementaires leur accordent plusieurs prérogatives, l’efficacité de leur intervention reste tributaire de leur capacité à accéder aux informations et de la bonne volonté des organes de contrôle et de direction. Un consensus semble se dégager : les CPAT en Tunisie sont dans une phase d’apprentissage qui dure depuis 13 ans.

Mots clés : Comité d’audit – Gouvernance d’entreprise – Audit interne – Audit externe - Analyse qualitative

Mon intervention à l'Ecole Doctorale de l'Université Oran II : ENVIRONNEMENT COMPTABLE DANS LES PAYS EMERGENTS: Problématique de la normalisation comptable et de la gouvernance d'entreprise


Le développement comptable reflète le degré d'avancement dans les domaines qui rendent favorables la production et la diffusion d'une information financière contribuant à la prise de décisions économiques. Parmi ces domaines nous citons : la normalisation comptable, l'enseignement de la comptabilité, la compétence des professionnels de la comptabilité, les pratiques de la gouvernance d'entreprise, la législation liée à la protection des investisseurs (par exemple les lois de sécurité financière)…etc. Une importance considérable a été accordée à ces domaines par les pays développés qui ont su mettre en œuvre des mesures ad hoc, souvent, suite à l'avènement de crises ou de scandales financiers. Pour les pays émergents (ou en développement), d'autres "soucis", comme le déséquilibre régional ou le manque d'infrastructures lourdes, sont jugés plus urgents. Par conséquent, tout ce qui a trait à la qualité de l'information financière est considéré comme une affaire de benchmarking. Suivant cette logique, ces pays ont cherché à nationaliser le meilleur de ce qui se pratique à l'échelle internationale sans se soucier de la bonne applicabilité de telles mesures.


Programme:
Partie I: Environnement comptable dans les pays émergents (en développement): Cadre théorique et challenges méthodologiques

Les pays en développement: un essai de définition et d'identification

Cadre théorique lié à l'étude de la normalisation comptable et de la gouvernance d'entreprise


Théorie normative de la comptabilité
Théorie positive de la comptabilité et l'hypothèse de l'efficience des marchés financiers
Théorie de l'agence / Théorie de la gouvernance d'entreprise
Théorie des parties prenantes
Y a-t- il un cadre théorique comptable ad hoc pour les pays émergents?
Analyse critique
Apport de la théorie néo-institutionnelle
Challenge méthodologique
Problème de la rareté des données secondaires (ou peut-on remettre en cause la pertinence des approches quantitatives?)
Faut-il générer ses propres données (ou faut-il reconsidérer les approches qualitatives?)
Recherches fondamentales Vs recherches appliquées: y a-t il un juste milieu?

Partie II: La problématique de la normalisation comptable dans les pays émergents


Les stratégies de normalisation comptable: revue de la littérature
La normalisation comptable dans les pays émergents: de l'ère postcoloniale à l'ère de la globalisation
L'adoption des normes comptables internationales par les pays émergents
Le caractère inachevé de la normalisation comptable dans les pays émergents : éclairage critique et analyse de la problématique du gap normatif

Partie III: La problématique de la gouvernance d'entreprise dans les pays émergents

La gouvernance d'entreprise: tentative de définition
Mesure de la qualité de la gouvernance d'entreprise: approche quantitative
Mesure de la qualité de la gouvernance d'entreprise: approche qualitative

mardi 4 juin 2013

Charges constatées d'avance Vs Charges à payer et impôts différés


Quelle est la différence entre (1) charges constatées d’avance et (2) charges à payer ? Expliquer leur rôle en matière de rattachement des charges aux produits et leur impact sur les impôts différés (actif/passif) de l’entreprise.



• Les charges constatées d’avance constituent des charges que l’entreprise a déjà payées mais enregistrées (au débit – au moment de leur création - et sont visibles dans le bilan en tant qu’actifs) pour remplacer provisoirement une charge (exemple les loyers payés d’avance) qui est appelée a être rattachée au(x) exercice(s) ultérieurs. Leur comptabilisation donne lieu à la constatation d’un passif d’impôt différé. En effet, la différence temporaire, dans ce cas, se présente comme suit : la valeur comptable d’un actif est supérieure à sa base fiscale.

• Les charges à payer constituent des charges dues par l’entreprise, à la date de clôture, à des créanciers et enregistrées pour être rattachées à l'exercice en cours car ce dernier a bénéficié d’un avantage (produit) dont la constatation dépend de ladite charge. Par exemple, nous pouvons évoquer les loyers payés en fin de période. Il s’agit d’un compte de bilan (à créditer au moment de sa création) visible dans les passifs de ce dernier. Sa constatation donne lieu à l’enregistrement d’un actif d’impôt différé. En effet, la différence temporaire, dans ce cas, se présente comme suit : la valeur comptable d’un passif est supérieure à sa base fiscale.

mercredi 15 mai 2013

dimanche 5 mai 2013

Normalisation comptable dans les pays en développement : Explication par la sociologie du développement

Voir l'intégralité de l'article (lien).


Evolution des modèles de développement d'après le sociologue belge Guy Bajoit.




Les modèles de développement dans le temps.



Modèles de développement et développement comptable.

mardi 20 novembre 2012

Pays de l’OHADA : 6,4 millions de dollars pour améliorer la qualité de l’information financière des entreprises !




L’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires) veut mettre en place des réformes pour améliorer le climat de l’investissement dans les pays membres. Pour s’y faire, elle n’a pas tenu une conférence ou des journées de recherche scientifique pour définir ce qu’on entend par investissement ou climat d’affaires ! Elle n’a pas invité d’éminents experts en économie ou en sociologie pour expliquer les modalités qui assurent un meilleur développement économique et/ou social. L’OHADA a fait mieux ! Elle a mis l’accent sur la comptabilité qui est souvent traitée en parent pauvre. Et, pour gagner en efficacité, elle a mis dans son collimateur (dans le sens pacifique du terme) la puissance financière et exécutive de la banque mondiale.


Concrètement, pour assurer un meilleur climat d’investissement, les pays de l’OHADA ont bénéficié d’un financement de 15 millions de dollars américains fournis par la banque mondiale. Le plus clair de ce budget (6,4 millions de USD, soit 42%) sera alloué pour financer une réforme qui visera l’amélioration de la qualité de l’information financière des entreprises. Les africains veulent donc sérieusement activer la variable transparence. Cette dernière passe par le développement de la normalisation comptable et le développement de la profession comptable. En effet, la somme de 6,4 millions financera (1) l’amélioration des normes comptables – 2,5 millions USD – (2) le renforcement des normes et des pratiques professionnelles – 2 millions USD – et (3) le développement d’un cursus de qualification professionnelle – 1,9 millions USD). Le plan d’action qui sera déployé par l’exécutif de l’OHADA, touche les aspects comptables suivants (entre autres) :
• Création d’une revue de la Commission de Normalisation Comptable – OHADA ;
• examen de l’étude ISAR (International Standards of Accounting and Reporting) sur le renforcement de l’architecture comptable dans les Etats parties;
• examen des rapports sur les insuffisances et les incohérences décelées dans le système comptable OHADA dans chaque Etat partie ;
• examen de la convergence des normes comptables OHADA vers les normes IFRS ;
• formation aux normes IFRS ;
• Etc…
Les actions de la CNC – OHADA qui visent à instaurer un meilleur développement comptable sont louables. Sous d’autres cieux, on veut que ce développement soit réalisé grâce à des initiatives individuelles. Mais, à mon sens, il faut qu’il y ait de véritables « machines institutionnelles » qui aident à atteindre ce but. Des machines qui savent fixer des objectifs et qui agissent avec beaucoup d’intelligence et d’efficacité…et pour commencer, il faut être transparent pour apprendre aux gens ce qu’est la transparence.

Compte rendu de la réunion de la Commission de normalisation comptable de l’OHADA : 15 et 16 octobre 2012 à Cotonou (BENIN) VOIR LIEN

samedi 3 novembre 2012

The development / underdevelopment gap!



By Anas KOSSENTINI
Ph.D Student in Accounting


By the same author in this blog (Link)
Du même auteur dans ce blog (Lien)




The developing countries face difficult problems in their attempts to achieve progress in their economic development programs. While not meant to be complete, these problems can be classified as either domestic (e.g. economic growth, unemployment, population growth, poverty, education) or international (foreign direct investment, aids and supports from international finance organizations, international trade and development).

Professor Belkaoui (1994, 2002) considers that accounting plays a crucial role in economic development too by providing the right information necessary to solve the above-mentioned problems. Furthermore, he asserts the particular important role of accounting in development planning in general and project appraisal in particular. For a long time period, the developing countries are characterized by relatively inadequate and unreliable accounting systems and generally bad governed and untested standard-setting institutions (e.g. CNC in Tunisia).

The standard-setting process in the developing countries has not followed a unique strategy proper to these countries and their context. What is the best accounting standard-setting strategy that a developing country must opt for? … Why recently an increased number of developing countries choose to opt for the IFRS adoption strategy? If the use of a single set of accounting standards (like IFRS) can be beneficial, why benefits and advantages arising from IFRS adoption differ from a developing country to another?

Obviously, all questions presented above are of interest to the readers of this blog. Previous literature in international accounting provides mitigated results regarding the IFRS adoption benefits to developing countries. Why a given developing country succeeds in the IFRS adoption process while another developing country fails? This is because developing countries do not experience the same stage of development… This is because developing countries are not homogenous… This is because the obvious concept of “developing countries” is really not well understood!
Less developed countries (LDCs), underdeveloped countries (UDCs), developing countries (DCs), emerging economies, economies in transition… Undoubtedly these classifications are not the same but they can share some common characteristics of underdevelopment.

The meaning of underdevelopment

Underdevelopment is shocking: The squalor, disease, unnecessary deaths, and hopelessness of it all! No man understands if underdevelopment remains for him a mere statistic reflecting low income, poor housing, premature mortality and underemployment (Goulet, 1971, Belkaoui, 1994).
Todaro (1985) lists six broad categories of underdevelopment:
1. Low levels of living
2. Low levels of productivity
3. High rates of population growth and dependency burdens
4. High and rising levels of unemployment and underemployment
5. Significant dependence on agriculture production and primary product exports
6. Dominance, dependence, and vulnerability in international relations.

One of these categories and/or the matching of any number of these categories in a given country create a state of underdevelopment. It is the result of not only economic but also social forces, not only internal but also external factors, and not only national but also international origins (Belkaoui, 1994).
The former secretary general of the United Nations Kofi Anan defined a developed country as follows: “A developed country is one that allows all its citizens to enjoy a free and healthy life in a safe environment”. But what is the meaning of development?

The meaning of development

The development involves the economic, social, and institutional process necessary to efficiently eliminate the gap of underdevelopment (Belkaoui, 2002). In general, LDCs, UDCs and DCs are countries which have not yet achieved a significant degree of industrialization and which have a low human life and happiness (Belkaoui, 1988). If it is easy to understand the economic sense of industrialization, the concepts of human life and human happiness that are generally grouped in the standard of living need to be clarified. Belkaoui (1994) argues that human life and/or human happiness are universal goals and values sought by every developing country. These values include life sustenance (requirement for food, shelter, healing, or survival), self-esteem (where every person’s sense that he or she is respected and it is not used as a tool by others for their own purposes), and freedom.

All these values are already seen as the ingredients of our lovely Tunisian revolution. Nevertheless, by definition these values characterize the standard of living of developed nations. Seeking such values by the citizens of a developing country might be questioned!
Some countries approach the meaning of development but it still a little bit of underdevelopment not yet eliminated. The United Nations and the International Monetary Fund, in their websites, do not include Eastern Europe countries, former Soviet Union countries, China, Brazil and Turkey neither in the developed countries group nor in the developing countries group. Some international reports refer to these countries as “economies in transition”.
The World Bank classifies countries into four income groups (without specifying the developing or the developed countries). Economies were divided according to the Gross National Income (GNI) per capita using the following ranges of income:

 Low income countries had GNI per capita of US$1,005 or less.
 Lower middle income countries had GNI per capita between US$1,006 and US$3,975.
 Upper middle income countries had GNI per capita between US$3,976 and US$12,275.
 High income countries had GNI above US$12,276.

Some international rating agencies, like Standard & Poor’s, provide a new classification of countries: (1) developed economies and (2) emerging economies. It is noteworthy that developed economies are the same that developed countries highlighted by International organizations (IMF and UN). It is in the emerging economies list that we realize that many countries are dropped out (e.g. Kenya, Uganda, Yemen …). These countries are generally those classified as low income countries in the WB website. Following this classification we can find in the same group of emerging economies some developing countries (as defined and classified by the UN and the IMF) and all economies in transition (presented previously).

Finally, let’s go back to the subject: Why a given developing country succeeds in the IFRS adoption process while another developing country fails? I believe that a part of the answer should be found in the countries’ classification itself with respect to the state of development and/or underdevelopment. In other words, below a certain threshold level of underdevelopment we can hypothesize a high likelihood of failure in the IFRS adoption process.

References

Belkaoui, A. R. (1988). The new environment in international accounting: issues and practices. West Port: Quorum Books.

Belkaoui, A. R. (2002). International accounting and economic development: the interaction of accounting, economic and social indicators. West Port: Quorum Books.

Belkaoui, A.-R. (1994). Accounting in the Developing Countries. Westport, Connecticut, London: Quorum Books.

Goulet, D. (1971). The Cruel Choice: A New Concept in the Theory of Development. New York: Atheneum.
Todaro, M. P. (1985). Economic Development in the Third World.New York: Longman.

vendredi 5 octobre 2012

Difficultés relatives à l'application de l’IAS 19 par les entreprises tunisiennes : l’ordre des experts comptables (OECT) peut – il remplacer le Conseil National de la Comptabilité (CNC) ? Hors du développement comptable, point de salut.


Un passage du rapport d’audit (2011) de la BH (Banque de l’Habitat) a attiré mon attention. Dans ce rapport nous pouvons lire ce qui suit «La société mère ne comptabilise les charges relatives aux indemnités de départ à la retraite et des charges relatives aux cotisations assurance-groupe des retraités qu’au moment du départ effectif à la retraite. Ainsi, il n’est pas procédé à la constatation de provisions pour indemnité de départ à la retraite relatives aux engagements découlant de la convention collective qui prévoit une indemnité de six fois le dernier salaire servi à l’employé et de provisions relatives aux cotisations assurance-groupe des retraités qui sont estimées sur la base de la méthode de rattachement linéaire conformément à la norme internationale IAS 19 " Avantages du personnel" à un montant de 14 435 Mille Dinars. A cet effet, une consultation a été initiée par les autorités compétentes auprès de l’OECT afin d’arrêter une méthode applicable à l’ensemble du secteur bancaire. » (lien – voir page 3/6 paragraphe 5).

Le même paragraphe (mot à mot) avec la même prise de position comptable se trouve dans le rapport d’audit de la STB de l’exercice 2010 (le rapport 2011 est non disponible sur internet). Le point commun entre les deux rapports ? : Les mêmes commissaires aux comptes !!

En lisant ce paragraphe, deux remarques me font conclure que la comptabilité en Tunisie ne sert pas à beaucoup de choses. Je pense même, que telle qu’elle est normalisée et pratiquée, la comptabilité constitue un centre de coût qui étouffe la trésorerie des entreprises et alourdit les rouages et les maillons d’un bon déroulement économique qui suppose un minimum de transparence financière.

Première remarque : Parmi les sociétés qui sont cotées en bourse, 3 entreprises (des banques, plus précisément) se réfèrent à la norme IAS 19. La BH et la STB ne l’appliquent pas (mais la mentionnent dans leurs rapports) lorsqu’il s’agit de comptabiliser les indemnités de départ (six fois le dernier salaire). Par contre, la BNA (Banque Nationale Agricole) l’applique. C’est vrai, en Tunisie on n’a pas encore adopté une norme équivalente à l’IAS 19 (avantages du personnel), mais, le bons sens comptable nous enseigne qu’une norme internationale pourrait être adoptée si elle ne contredit pas un principe comptable prévu par le cadre conceptuel tunisien. Par conséquent, on ne peut pas laisser tomber un principe comptable comme le rattachement des charges aux produits qui recommande un étalement linéaire (faute de mieux !!) des charges, et en l’occurrence, sur la période qui coïncide avec le nombre d’années jusqu’au départ à la retraite que compte passer un employé dans la société qui accorde à ses salariés des indemnités de départ. C’est durant cette carrière que des avantages (effort de travail déployé par le salarié) seraient bénéfiques à la société. Le contenu de la norme IAS 19 ne peut apporter que des petits détails (par rapport à l’esprit du principe de rattachement des charges aux produits) tels que, par exemple, la prise en ligne de compte (pour le calcul de la provision) du risque de mortalité, de l’évolution prévisionnelle des salaires, de la probabilité de départ (turnover) et du taux d’actualisation financière. Dans tous les cas, ce flou devant une difficulté comptable pourrait facilement être évité si une veille comptable avait été pratiquée par le normalisateur tunisien. Enfin, je vous laisse répondre à cette question : un investisseur tunisien voulant allouer son épargne à l’une de ces trois banques (BH, STB et BNA), pourrait – il se retrouver devant une information financière comparable ? Je rappelle qu’en Tunisie, la comparabilité étant un pilier de la qualité des états financiers.

Deuxième remarque : le normalisateur tunisien (CNC), sensé être le garant d’une excellente cohérence normative, est totalement absent de la scène comptable tunisienne. Il pousse les entreprises à commettre un crime contre la transparence financière : le shopping comptable ou le vagabondage comptable qui consiste à mettre dans le panier du référentiel comptable qui sera utilisé pour décrire l’activité économique de l’entreprise, des normes comptables d’ici et d’ailleurs. Et ce qui est plus grave, c’est que les prérogatives que la loi donne officiellement au CNC se trouvent transférées officieusement à l’ordre des experts comptables tunisiens.
Du paragraphe que nous avons tiré du rapport d’audit de la BH, nous reprenons le passage suivant qui explique l’inquiétude du commissaire aux comptes face à une situation floue (la manière avec laquelle on comptabilise les indemnités de départ) qui n’est pas régie d’une manière explicite par les normes tunisiennes : « A cet effet, une consultation a été initiée par les autorités compétentes auprès de l’OECT afin d’arrêter une méthode applicable à l’ensemble du secteur bancaire !! » Pour comprendre où je veux aller, je vous propose de lire l’article 5 de la loi 96 – 112 relative au système comptable des entreprises :
« Il est institué un Conseil National de la Comptabilité chargé d'examiner et de donner son avis sur :
- les projets de normes comptables et les modalités de leur application,
- les projets de textes légaux et réglementaires qui comportent des dispositions ayant trait à la comptabilité,
- les sujets relatifs à la comptabilité.
- Le conseil est également chargé d'examiner les questions relatives à la comptabilité et de proposer les moyens de son amélioration. »


J’avoue que les experts comptables tunisiens sont très compétents et derrière eux il y a un ordre professionnel (OECT) qui impose le respect et qui veut contribuer à un meilleur essor économique. Toutefois, la normalisation comptable ne doit pas être confiée aux seuls experts comptables : il faut de tout pour faire un monde et la normalisation comptable est un monde…à part. Hors du développement comptable, point de salut.



vendredi 21 septembre 2012

Du bricolage dans les rapports d’audit des sociétés tunisiennes qui font appel public à l’épargne

Le fait d’auditer les états financiers d’une société cotée en bourse (utilisant une partie de l’épargne nationale) constitue certainement (et normalement) une reconnaissance par les actionnaires réunis en Assemblée Générale de la compétence, de l’indépendance et de la conscience (trois attributs qui font la devise de l’ordre des experts comptables tunisiens) du ou des experts comptables qui seront chargés d’une telle mission. Dans ce cadre, la rédaction du rapport des commissaires aux comptes devrait être une œuvre reflétant l’art de son rédacteur. Elle doit rassurer les lecteurs (utilisateurs divers des états financiers) quant à la fiabilité des données comptables que laisse inspirer ledit rapport. Aujourd’hui en lisant les rapports d’audit (exercice 2011) des sociétés ENNAKL AUTOMOBILES (Commerce du matériel de transport; essentiellement la marque GOLF.) et GIF FILTER (Fabrication des filtres à huile, à carburant et à air pour automobiles.) j’ai pu découvrir que la rédaction de ces rapports n’obéit pas à un art, mais plutôt à un bricolage basé sur le copiage et le « fill in the blanks ». Et pourtant, l’auditeur de ces deux sociétés n’est autre que le grand KPMG (Co-commissaire aux comptes pour le cas d’ENNAKL). S’agit – il d’une pratique normale et crédible ? Peut être on peut le faire ( !) pour des petites sociétés anonymes non cotées, mais pour des sociétés qui font appel public à l’épargne et dont la taille (des actifs – la rémunération des commissaires aux comptes est indexée sur ce critère) est très importante (par rapport au tissu économique tunisien) ; je pense que c’est insensé. A vous de juger!!! Rapport d’audit de la société ENNAKL AUTOMOBILE (page 11 – voir aussi page 12) lien
Rapport d’audit de la société GIF FILTER (page 05 – voir aussi page 06) lien

dimanche 2 septembre 2012

Faut – il tuer le système comptable des entreprises tunisien (1997) ?! Si oui, ayez le courage de dire pourquoi.*

* Il s’agit d’une conclusion que j’ai prononcée à Oran (Algérie) dans le cadre d’un colloque : « l’institution académique et l’entreprise à l’heure du nouveau système comptable et financier » organisé par l’Ecole Préparatoire des Sciences Economiques, Commerciales et de Gestion de l’Université d’Oran. Vous pouvez trouver l’intégralité de la communication publiée par la revue du chercheur. Cliquer sur ce lien)



Pendant 15 années d’application, le système comptable des entreprises (SCE) a su instaurer une nouvelle culture qui a pu remplacer, à notre avis, une culture ancienne à base de plan comptable général. Avant sa mise en place, une immobilisation ne pouvait être définie que lorsqu’on se réfère à son numéro de compte. Avec le SCE on a appris qu’une immobilisation est un élément d’actif, possédé ou contrôlé par l’entreprise susceptible d’accorder à cette dernière des avantages économiques futurs. C’était une révolution comptable. Au fil des années, un savoir faire tunisien (académique et professionnel) s’est, donc, développé autour du SCE (1997). Nous croyons que le seul maillon faible de « l’institution comptable » en Tunisie est le Conseil National de la Comptabilité. Cette grande muette n’a pas pu formuler une position claire concernant l’avis des institutions financières internationales qui l’appellent à changer son référentiel. Rappelons que ce référentiel n’a pas, jusqu’à ce jour, fait l’objet de critiques internes, exception faite de celles émanant de quelques professionnels ayant intérêt à élargir le marché de formation des IAS/IFRS. Nous sommes convaincus que l’application d’un système comptable donné doit contribuer à un meilleur développement comptable qui est, à son tour, appelé à impacter positivement le développement économique. Il est donc temps, qu’un débat national soit lancé pour décider de l’avenir de la normalisation comptable en Tunisie.

jeudi 12 juillet 2012

Dépréciation d'actifs (IAS 36), actifs courants détenus en vue de la vente et annulation ultérieure du plan de vente (IFRS 05)


Prière de citer la référence (notre blog et l'auteur) avant de reproduire ce cas.

TUN FLY AIR LINES est une compagnie tunisienne qui s’est positionnée sur le créneau commercial du transport aérien à moindre coût (ce qu’on appelle couramment le créneau du low cost). Depuis sa création, le 1ier janvier 2002, la direction comptable et financière de cette compagnie a choisi d’appliquer les normes comptables internationales.
La compagnie gère une flotte composée de deux avions :
1. le premier avion est un Boeing 737 assurant des vols directs entre Tunis et Nice. Cette ligne connaît actuellement des difficultés :
a. à cause de la concurrence avec AIR France, le taux d’occupation des sièges, sur cette ligne, est de plus en plus faible ; il s’élève actuellement à 43% ;
b. l’augmentation des prix du carburant a rendu de plus en plus élevés les coûts d’exploitation ce qui pourrait se répercuter négativement sur les prix des billets ; et
c. la baisse du pouvoir d’achat de personnes qui représentent une clientèle cible de la compagnie pourrait avoir un impact négatif sur le volume d’activité.



2. le deuxième avion est un air bus A 380 assurant des vols directs entre Tunis et Rome. Malgré les difficultés économiques conjoncturelles (augmentation du prix de carburants, baisse du pouvoir d’achat), cette ligne est actuellement en mesure de rapporter à la compagnie une marge bénéficiaire satisfaisante.


A côté de la gestion de ces deux lignes, la compagnie dispose d’un immeuble, composé d’un rez-de-chaussée et de 4 étages, qu’elle loue à d’autres entreprises.

Lors de la réunion des membres du conseil d’administration au 31/12/2011, le PDG de la compagnie a présenté les résultats d’une étude de marché montrant que la ligne Tunis – Nice n’a aucune chance d’être rentable. A la lumière de ce constat, le conseil a décidé de vendre le Boeing 737 dans l’état où il se trouve. A cet effet, un courtier a été chargé de trouver un acheteur et pour faciliter la cession, les membres du conseil ont suggéré un prix de vente inférieur à celui proposé par le marché. Il est estimé que la cession pourrait avoir lieu dans un délai d’un an.
A la date du 31/12/2011, la situation financière (exprimée en dinars tunisien) de la compagnie se présente comme suit :


Remarque (1) : l’application de la méthode de l’amortissement par composant sur les deux avions aboutit à une dotation annuelle totale de 7 millions de dinars par avion. Cette dotation annuelle sera la même durant les premières quinze années de la durée d’utilité de chacune des deux avions ;


Remarque (2) : à la date du 31/12/2011, le comptable de la compagnie a passé les dotations aux amortissements relatives à chacune des deux avions. Cependant, il n a pas encore constaté un ajustement de la valeur de l’immeuble loué. Dans ce cadre, nous vous informons que la juste valeur dudit immeuble à la date du 31/12/2010 était de 1,25 millions de dinars.



A cette même date, les données suivantes ont été collectées par la direction comptable et financière auprès d’une source crédible et bien informée :

 la juste valeur nette des coûts de sortie du Boeing 737 est de 120 millions de dinars. Cette même valeur correspond à sa valeur d’utilité.

 La juste valeur nette des coûts de sortie de l’A 380 est de 130 millions de dinars. Sa valeur d’utilité est de 110 millions de dinars.

Travail à faire :

1. analyser ce cas en se référant à la logique comptable internationale.
2. passer les écritures comptables que vous jugez nécessaires au 31/12/2011.
__________________________________________________

Le 30/06/2012, les experts économiques estiment que la conjoncture économique et plus favorable par rapport à ce qu’elle l’était à la fin de l’année 2011. L’origine de cette amélioration est la baisse significative du prix de carburant, alors que ses conséquences se sont traduites par une amélioration nette du pouvoir d’achat. Ces constats ont amené le conseil d’administration de la compagnie, tenu le même jour, à annuler le plan de vente qui concerne le Boeing 737. A cette date, sa juste valeur nette est de 120 millions de dinars alors que sa valeur d’utilité est de 145 millions de dinars.

Travail à faire :

1. analyser cet événement en se référant à la logique comptable internationale
2. passer les écritures comptables que vous jugez nécessaire à la date du 30/06/2012.
NB : le taux de l’IS = 30%.



Analyse du cas:


Première partie du cas:

A la date du reporting correspondant au 31/12/2011, la compagnie TUN FLY AIR LINES se trouve dans une conjoncture économique qualifiée de difficile. Cette difficulté, et les conséquences qui pourraient en découler, doivent être prises en considération par la direction comptable et financière avant de présenter les états financiers de l’exercice 2011.

Analyse de la situation en se référant à la logique comptable internationale par catégorie d’actifs non courants :

1. le Boeing 737 : cet appareil sert pour la ligne Tunis – Nice ; il s’agit d’une activité qui n’est plus rentable selon une analyse du marché. Les membres du conseil d’administration, principal organe de décision dans une société anonyme, décide de vendre cet avion. Peut – on accorder à cet actif non courant le statut de détenu en vue de la vente au sens de l’IFRS 5? Cette norme prévoit deux conditions cumulatives :

a. la vente porte sur un actif disponible et cessible sans aucune modification. Cette condition est vérifiée ;

b. la vente est hautement probable. Cette condition est aussi vérifiée car :
i. la direction s’est engagée dans un plan de vente (décision émanant du conseil d’administration) ;
ii. un programme actif est lancé pour chercher un acheteur : un courtier a été chargé de l’affaire et le prix de cession qui sera proposé est incitatif ;
iii. on s’attend à ce que la vente soit conclue dans un délai de 12 mois.


Conclusion : cet actif (Boeing 737) est considéré comme détenu en vue de la vente. Il doit être comptabilisé au minimum entre la valeur comptable (140 millions de dinars) et la juste valeur nette des coûts de sortie (120 millions de dinars). On doit donc choisir le montant qui correspond à la JVN (Juste Valeur Nette), soit 120 millions de dinars. Mais avant, il va falloir constater une dépréciation de valeur au sens de l’IAS 36. Cette dépréciation s’élève à 20 millions de dinars.

2. l’airbus A 380 : cet appareil assure la liaison Tunis – Rome. Cette ligne, malgré les difficultés liées à la conjoncture économique, la rentabilité qu’elle dégage est satisfaisante. En revanche, la dite difficulté constitue un indice de dépréciation qu’il faut prendre en considération pour ajuster la valeur de cet actif. Effectivement, à travers le tableau présenté, nous apprenons que cet appareil a connu une dépréciation dans la mesure où sa valeur comptable (140 millions de dinars) est supérieure à sa valeur recouvrable qui est de 130 millions de dinars (sup entre JVN et valeur d’utilité). La perte de valeur est de : 10 millions de dinars.

3. l’immeuble loué : il s’agit d’un immeuble de placement au sens de l’IAS 40. sa valeur a connu une dépréciation qui doit être enregistrée dans le résultat de l’exercice comme une perte sur immeuble de placement. Cette perte est de : 0,05 millions de dinars, soit 50 000 dinars.

NB : il ne faut pas oublier d’ajuster les opérations par l’impôt différé.
Comptabilisation (en kilo dinars) :





Deuxième partie du cas :

Le Boeing 737 est initialement classé comme détenu en vue de la vente. Au 30/06/2012, le conseil d’administration a annulé son plan de vente. Il faut donc que cet actif retrouve sa place parmi les actifs non courants. Dans ce cadre, la compagnie doit l’évaluer au montant le plus bas entre :

1. sa valeur comptable avant sa classification comme détenu en vue de la vente ajusté de tout amortissement qui aurait été comptabilisé s’il n’avait pas été classé comme détenu en vue de la vente ; et

2. sa valeur recouvrable.

La valeur comptable ajustée d’amortissement est égale à : 140 millions – 3,5 millions = 136,5 millions de dinars.
La valeur recouvrable de l’avion est de 145 millions de dinars (sup entre 140 et 120 millions de dinars).
La valeur qu’on doit choisir est donc de : 136,5 millions de dinars. A cet effet, l’actif (Boeing 737) doit connaître une reprise de 136,5 – 120 = 16,5 millions de dinars. Nous pouvons comptabiliser cette reprise car elle ne dépasse pas le cumul de pertes de valeur associées à cet avion (20 millions de dinars).
Comptabilisation (en kilo dinars)

mardi 27 mars 2012

Pourquoi l’Afrique subsaharienne est – elle contre l’application des IFRS ? Rester dans la sphère réelle n’est pas une mauvaise idée !!



Le point de départ d’une normalisation comptable africaine saine et efficace

Le continent africain ne veut pas tricher ; il ne veut donc pas spéculer pour inventer une matière qui n’existe pas. Cette matière est déjà là (on est donc dans une sphère réelle… économique...proche des soucis du citoyen). Il faudrait, tout juste, rationnaliser sa gestion pour qu’elle rime mieux avec un développement durable « qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Cette gestion rationnelle est, en théorie, déléguée à des entreprises créatrices de valeurs – économiques puis sociales - (sous l’impulsion de lois incitatives – mais contraignantes en même temps - émanant de politiciens patriotiques et élus démocratiquement). Les gestionnaires de ces entreprises doivent obligatoirement rendre compte, non pas uniquement aux bailleurs de fonds, mais à l’ensemble d’une nation avide de transparence. Cette nation ne s’intéresse pas à la publication d’un bénéfice net, défiguré par l’ajout de performances et de contre performances issues d’un ensemble de spéculations souvent nourries par des intérêts pervers ce qui pourrait nous mettre devant des marchés caractérisés par des valeurs non justes. Cette nation s’intéresse plutôt à la publication de la quantité de valeurs ajoutées réellement créées…seules capables d’enclencher une politique sociale basée sur la notion de partage équitable. Si on est dans la logique d’une sphère réelle, pourquoi cherche – t – on à aller vers une sphère financière plus adaptée avec la culture des casinos ? Les normalisateurs et les professionnels comptables des pays africains appartenant à des unions économiques régionales (telles que l’UEMOA et l’OHADA) attaquent souvent le côté financier des IFRS. Ils prennent la même position qui a été prise par l’ex président français, Jacques Chirac, à l’encontre de ces normes qualifiées de silencieuses, mais capables de « conduire à une financiarisation accrue de l’économie et à des méthodes de direction des entreprises privilégiant trop le court terme ». L’ex président français décrit le cas de l’Europe. Que dire alors du cas africain ?

Quelles sont, donc, les lignes directrices qui guident les normalisateurs de l’Afrique subsaharienne en matière de comptabilité ?


Normalisation comptable africaine entre modernité, réalité économique et perspectives de développement

Je retiens toujours la devise de M. Yoro Dieng formulée lors de la journée africaine de comptabilité (la normalisation comptable à l’heure de la mondialisation (juin2007)) : maintenir l’effort de modernisation en étant attentif aux IFRS, afin de définir des normes adaptées à la taille et à la mesure de nos entreprises, en tenant compte des spécificités de nos pays.
Ma lecture de cette devise est la suivante :
L’économie africaine ne devrait jamais échapper à la sphère réelle. Elle ne devrait jamais être entachée par la spéculation et le court terme. Elle ne devrait jamais se déplacer vers les marchés financiers. Les normes comptables internationales, normes anglo-saxonnes (je rappelle que les pays anglo-saxons – particulièrement l’Angleterre et les USA – ne sont pas connus par une histoire économique basée sur l’industrie –créatrice de valeur par excellence – mais plutôt par une économie basée sur le tertiaire et la finance: lire plus sur ce sujet - voir la cité de Londres - ) se basent sur le principe de la prééminence du fond sur la forme. Le fond qui doit l’emporter sur la forme juridique est un fond économique…il ne devrait jamais être financier. A mon avis, le normalisateur international a réussi à mettre en œuvre plusieurs normes très intéressantes. Ces dernières respectent, d’une part, l’évolution de la conjoncture économique, de plus en plus caractérisée par le risque et par le développement de la taille des entreprises, et, d’autre part, la modernisation des pratiques managériales influencées par l’évolution des TIC et par la domination des aspects stratégiques. Cependant, le normalisateur international a échoué lorsqu’il a voulu élaborer des normes dont l’objectif est de composer avec une sphère financière nuisible à la stabilité ; non pas celle de l’économie, mais plutôt celle de la croyance des acteurs économiques. Ces normes consacrent l’adage qui devient de plus en plus à la mode : le thermomètre qui a tué le patient !!
C’est ce qui semble être pris en ligne de compte par le système SYSCOA – OHADA qui se forge autour d’un plan comptable nourri par quelques aspects de la normalisation comptable internationale. Les aspects retenus sont ceux qui consacrent, en effet, le fond économique des différentes opérations effectuées par les entreprises qui appliquent le SYSCOA. Ce dernier propose une normalisation comptable qui « doit clairement rester dans le cadre d’un système prudent d’évaluation, et éviter tous les pièges, ruses et leurres de la juste valeur financière qui n’est valable et économiquement justifiée qu’au seul instant de son calcul et sous l’hypothèse, très loin d’être validée, d’un fonctionnement de marchés efficient » (Eric Delesalle).

Dans ce qui suit, je publie le témoignage d’un ami, Mr Séduisant TAZ-MBODI, auditeur diplômé de l'INTEC-CNAM de Paris et professionnel de l'audit et de la comptabilité, qui a accepté de répondre à mes questions.



1. Quel est le système comptable appliqué par les entreprises de la République du Congo ? Quelles sont ses spécificités ?

Réponse : En République du Congo, c'est le Droit Comptable OHADA qui
est appliqué avec le système comptable y relatif. Il s'agit d'un cadre
comptable assez nourri qui met en exergue toutes les opérations de la
vie de l'entreprise, depuis son initiation (création), ses variations
et sa dissolution probable. De plus l'OHADA a inséré dans ses normes,
les aspects liés à la Consolidation des comptes. Aux principes
comptables fondamentaux (intangibilité du bilan, prudence, coût
historique, permanence des méthodes, non compensation, cut off, importance
relative), l'OHADA prend en compte la norme IAS/IFRS de la prééminence
de la réalité économique sur l'apparence juridique, contrairement au
PCG Français qui n'y fait pas allusion. A ce titre, les opérations de
crédit-bail ainsi que les effets escomptés non échus, sont directement
comptabilisées au patrimoine et au résultat de l'entreprise, donc
aucun besoin de retraitement dans le cadre d'une quelconque
consolidation des comptes.

2. Ce système adhère – t – il aux besoins actuels des utilisateurs des états financiers congolais ?

Réponse : Oui, ce système adhère parfaitement aux besoins actuels des
utilisateurs des états financiers congolais, qui pour la plupart sont
des sociétés anonymes, soumises au système normal de prélèvement
fiscal. Les normes OHADA permettent à ces entités juridico-économiques
de produire des états financiers reflétant l'image fidèle de leur
patrimoine, de leur résultat et de leur situation financière.

3. Pourquoi êtes-vous contre une application des apports (entre autres le modèle de la juste valeur) des normes comptables internationales(IAS/IFRS) ?

Réponse : En ce qui concerne l'évaluation des actifs à la juste
valeur, je suis contre de prime abord pour la simple et bonne raison
que cette méthode, qui a déjà fait couler beaucoup d'encres, a été à
l'origine de la dérégulation financière et donc partie prenante de la
crise financière qu'a connue les marchés de par le monde. Les subprimes
en sont une illustration plus que nette. Je prône un retour strict au
coût historique qui est une garantie, tant pour les créanciers, que
pour les débiteurs. La spéculation n'est pas une référence pour moi et
je pense qu'il faut de la "Morale" même en Finance. Enfin, je vous
renvoie au blog de l'Institut Turgot
http://blog.turgot.org/index.php?post/Huerta-de-Soto qui parle de
retour au principe de prudence en comptabilité. Ce blog est assez
édifiant sur les dérives de cet emprunt au monde anglo-saxon qu'est la
"Fair Value" (Juste Valeur).

4. Pour vous, est ce qu’il y a un lien significatif entre la normalisation comptable et le développement économique et social en Afrique ?

Réponse : Il existe bel et bien un lien intrinsèque entre la
normalisation comptable et le développement économique et social en
Afrique mais l'espace ici est assez petit pour développer un sujet
aussi vaste. Ce qu'on peut en dire en résumé est que "l'harmonisation"
(je préfère ce terme à la normalisation) constitue un socle pertinent
de comparaison entre les différentes économies et un référentiel pour
les investisseurs. Mais ce sujet est assez vaste et ne se limite pas à
ce que je viens d'évoquer, peut être y reviendrons-nous plus tard.

dimanche 11 mars 2012

L’avion du président tunisien déchu et le malaise des normes comptables tunisiennes : faudrait – il que la tunisair applique l’IFRS 5 ?



La Tunisair est une compagnie en difficulté. Cette difficulté, qui a atteint son paroxysme en 2011, est, d’une part, la conséquence du repli de l’activité économique (les revenus de 2011 – estimés à 878 975 KDT – ont connu une baisse de 11,3% par rapport à ceux de 2010) et des conditions sécuritaires qui caractérisent l’ère post-révolution. Cette période de crise est d’autre part, renforcée par l’augmentation des prix du carburant qui a « induit le recours à des crédits d’exploitation dont le volume est aux alentours de 8% du chiffre d’affaires» (source). Une difficulté qui devrait être traduite fiablement et pertinemment dans les états financiers de cette compagnie.



Dans ce cadre, il faut mentionner que la situation financière de Tunisair prend en considération l’existence de deux avions hors plan de vol et hors stratégie commerciale dont le coût global, selon le rapport des commissaires aux comptes de l’exercice 2010 (source), est estimé à 266 684 millions de dinars. L’un de ces avions est un airbus A 340 qui pourrait inspirer plusieurs histoires (lamentables bien sûr et malheureusement !!) au contribuable tunisien.

L’airbus A340 est le splendide avion choisi par le président tunisien déchu pour se déplacer, lui et tous les membres de sa famille, confortablement d’un lieu à un autre. Cet avion acquis en 2009, puis réaménagé (par les soins de la société française Sabena technics) pour correspondre aux goûts (très bien cultivés à travers 23 ans de vie luxueuse dans les palais) de l’ex président tunisien et de sa femme. En effet, cet avion, ayant la capacité de voler 16 000 km sans arrêt, contient des chambres et des salons dont le décor est assuré par Louis Vuitton.



Au titre de l’exercice 2010, les charges attribuées (dotations aux amortissements, charges financières, pertes de change) à la détention des deux dits avions s’élèvent à 15 702 millions de dinars. Quant aux produits (liés aussi à cette détention) réalisés au titre du même exercice, ils s’élèvent à 400 millions de dinars ; soit un résultat net de - 15 302 millions de dinars. Par ailleurs, les commissaires aux comptes de la Tunisair mentionnent dans leur rapport que la compagnie aérienne «a obtenu le 3 mars 2011 l’autorisation pour la mise en vente de ces deux appareils ». Cette situation est régie comptablement par les dispositions de la norme comptable internationale IFRS 5 : Actifs non courants détenus en vue de la vente et activités abandonnées. Cette norme recommande que les actifs qui satisfont aux critères de classification comme détenus en vue de la vente (nous rappelons que les deux avions de Tunisair sont disponibles en vue de la vente dans leur état actuel et cette vente est hautement probable ( étant donnée que l’autorisation a été obtenue de la tutelle – à savoir le ministère de transport) soient (1) évalués au montant le plus bas entre leur valeur comptable et leur juste valeur diminuée des coûts de la cession, (2) ne soient pas soumis au calcul de l’amortissement, (3) soient présentés dans le bilan d’une manière séparée et (4) les résultats y relatifs soient présentés distinctement dans le compte de résultat. A cet effet, et puisque l’autorisation est attribuée après la date de clôture de l’exercice 2010, les commissaires aux comptes auraient dû mentionner au niveau des notes aux états financiers (1) une description des actifs non courants (en l’occurrence les deux avions) et (2) une description des faits et des circonstances de la vente ou conduisant à la cession attendue, les modalités et l’échéancier prévus pour cette cession. Cet effort relatif à la reconnaissance du fond économique de cet événement (actifs détenus en vue de la vente) a pour objectif de fournir aux lecteurs des états financiers de la Tunisair (investisseurs, Etat, personnel, analystes financiers, journalistes et d’une manière générale tout le public soucieux de la gravité de la situation dans la quelle se trouve la compagnie aérienne nationale) des informations permettant d’évaluer les effets financiers de la cession future de l’actif (IFRS 5 § 30). D’autre part, les états financiers (bilan, état de résultat, état de flux de trésorerie) de l’exercice 2011 (non encore publiés jusqu’à cette date) doivent tenir compte de cet événement.

Dans ce cadre, on pourrait évoquer le fait que la Tunisie n’a pas encore adopté les normes comptables internationales, pourquoi donc parle-t-on d’une application de l’IFRS 5 ?
En effet, même si on n’a pas encore adopté ces normes internationales on peut, si le cas est particulier et n’est pas repris par la normalisation nationale (en l’occurrence le système comptable des entreprises (1997)) on peut se référer à une norme internationale si cette dernière ne contredit pas les principes comptables prévus par le cadre conceptuel tunisien. D’ailleurs, dans le même rapport des commissaires aux comptes de la Tunisair il est fait référence à l’IAS 17 révisée lorsque les biens acquis en leasing par Tunisair ont été évoqués ! (aussi, on peut revenir aux anciens rapports des commissaires aux comptes - par exemple ceux datant de 2005 - pour comprendre qu'en Tunisie, nos professionnels font toujours référence aux normes comptables internationales (source)). De même, l’application de l’IFRS 5 ne contredit pas le cadre conceptuel tunisien ; mais au contraire elle le respecte dans une large mesure. En effet, le vrai problème est pourquoi associe-t-on à ces deux avions des charges d’amortissement, des charges financières et des pertes de change en les confondant avec d’autres charges d’exploitation, s’ils (les deux avions) ne contribuent pas d’une manière significative à apporter à la Tunisair des avantages économiques ? (nous rappelons que ces deux avions sont mis actuellement hors plan de vols et hors stratégie commerciale). Si on considère ces avions comme faisant partie des actifs non courants, on n’est donc pas entrain de respecter le principe de rattachement des charges aux produits. Je rappelle aussi, que d’autres grandes entreprises tunisiennes appliquent des normes internationales ou une partie de leurs dispositions. Je cite l’exemple du groupe chimique tunisien qui applique l’IAS 19 (avantages du personnel) pour comptabiliser les quatre salaires qui seront versés aux salariés lorsqu’ils auront leur retraite. Le passif (appelé épargne sur charges sociales) constitué (au titre de l’exercice 2009) suite à la prise en compte de cette norme s’élève à 19 388 KDT : ce qui n’est pas peu !

Dans tous les cas, le cas Tunisair donne au normalisateur tunisien : le Conseil National de la Comptabilité le nième signal voulant dire que notre normalisation comptable commence à devenir malade et nécessite, a cet effet, une mise à jour immédiate et un effort considérable de benchmarking. Autrement, il est inutile de parler en Tunisie d’analyse économique et financière, véritable outil de diagnostic de notre croissance (à court terme) et de notre développement (à moyen et long terme) économiques.

dimanche 19 février 2012

Un cas de synthèse sur les actifs non courants (autres que les actifs financiers) et prise en compte du principe de rattachement des charges aux produits



Prière de citer la référence (notre blog et l'auteur) avant de reproduire ce cas.
Dans ce qui suit, je vous propose un cas de synthèse qui s’intéresse à quelques difficultés liées aux normes IAS 16, IAS 17, IAS 40 et IAS 12. Ces difficultés deviennent plus évidentes lorsque quelques opérations, engagées à une date donnée et qui poursuivent à donner des effets dans le temps, donnent naissance à des écritures de régularisation (pour respecter le rattachement des charges aux produits) qui doivent être comptabilisées à la date du reporting.
Ces difficultés sont :
• La reconnaissance d’un contrat de location – financement (IAS 17) portant sur un immeuble qui sera occupé par le propriétaire (IAS 16) ;
• Au cours de la période de la location, ledit immeuble changera (partiellement) de statut comptable (IAS 16 vers IAS 40) alors qu’il est toujours financé par le contrat de location – financement (IAS 17);
• On (on est preneur) se retrouve dans la situation suivante : on dispose d’un immeuble dont l’acquisition a été financée par un contrat de location financement dont une partie (rez-de-chaussée) continue à garder son statut de construction (IAS 16) et l’autre partie (deux étages) est devenue un immeuble de placement (IAS 40) qui sera loué à une tierce personne dans le cadre d’un contrat de location simple avec deux années de locations gratuites. Cet immeuble de placement sera évalué à la date de clôture sur la base de sa juste valeur, alors que la construction continue à être évaluée à la même date sur la base de son coût amorti ;
• Le contrat de location simple qui a commencé à prendre effet au milieu de l’exercice comptable, génère des loyers annuels, dont le premier est programmé dans deux ans (donc, durant ces deux années, il faut constater des revenus locatifs à comptabiliser dans le résultat sans qu’ils soient encaissés. Leur contrepartie constitue des produits à recevoir (on a accordé à ces produits le numéro de compte 4538). Ces derniers ont pour objectif de respecter l’étalement linéaire des produits locatifs à travers toute la période de location (y compris les deux années gratuites) et qui seront par la suite amortis durant le reste de la période de location simple). Par ailleurs, nous avons utilisé un autre compte de produits à recevoir (on lui a accordé le numéro 45382) qui a pour objectif de tenir compte du faite que les loyers seront encaissés en fin de période.
• La comptabilisation de ces opérations engendre beaucoup de différences temporaires entre valeur comptable et base fiscale, ce qui nous amène à comptabiliser des impôts différés (IAS 12) et ce, pour annoncer aux utilisateurs les économies (ou les dettes) d’impôts futurs.
Je vous souhaite une bonne lecture.


Tunisiasoft est une société anonyme soumise à la législation tunisienne et spécialisée dans l’édition et la commercialisation des logiciels. Au début de l’exercice N-9 (le premier janvier) elle a conclu un contrat de location, portant sur un immeuble (rez-de-chaussée + 2 étages), avec la société AZE lease. La juste valeur de l’immeuble à cette date est de 500 000 dinars. Selon les termes du contrat de location, la société Tunisiasoft s’engage à payer un loyer annuel (fin de période) qui s’élève à 70 000 dinars et ce sur la période couverte par ledit contrat, soit 10 ans. Le taux d’intérêt implicite lié à cette transaction est de 9%. La durée d’utilité de l’immeuble pour le preneur est de 80 ans. Le contrat de location prévoit, en outre, une option d’achat d’un montant de 120 176, 757. A cette même date, la société Tunisiasoft a fait appel à un artisan peintre et a dépensé 40 000 dinars supplémentaires (payés au comptant) pour ravaler la façade de l’immeuble afin de lui donner un aspect plus présentable. L’immeuble sera utilisé pour abriter le siège social de Tunisiasoft.
Travail à faire :
1. Analyser le contrat de location liant les deux sociétés.
2. Analyser le statut comptable de l’immeuble, objet de la transaction, pour la société Tunisiasoft.
3. Passer les écritures comptables liées aux opérations décrites par le contrat de location dans le livre journal de la société Tunisiasoft et ce, durant les exercices comptables : N-9 et N-8, sachant que :
a. La société Tunisiasoft applique les normes IAS/IFRS,
b. Toutes les opérations qui engagent la trésorerie de la société Tunisiasoft sont effectuées par banque,
c. La société Tunisiasoft utilise la méthode d’amortissement linéaire,
d. La société Tunisiasoft est soumise à un taux d’IS de : 30%,

Le 1ier juillet de l’année N-7, la société Tunisiasoft a décidé de ne plus occuper les deux étages de l’immeuble et de les louer (dans le cadre d’un contrat de location simple) à une autre société. Selon un expert immobilier, ces deux étages ont une valeur (qui peut être détachée de la valeur du rez-de-chaussée) correspondant aux 2/3 de la valeur totale de l’immeuble. Selon le même expert, le marché immobilier en Tunisie, et plus particulièrement dans l’endroit où se trouve l’immeuble en question, peut être qualifié d’actif. Par conséquent, il estime que la juste valeur de l’immeuble à la date du 1er juillet N-7 s’élève à 750 000 dinars. Par ailleurs, le contrat de location simple qui lie la société Tunisiasoft et la société 3S (locataire) stipule que la location des deux étages s’étendra sur une période de 8 ans. Le loyer annuel (payé à la fin de période) est de 22 000 dinars. La société 3S bénéficiera de deux années de location gratuite.
Travail à faire :
1. Analyser le nouveau statut comptable de l’immeuble à la date du 1er juillet N-7.
2. Passer les écritures comptables qui s’imposent dans le livre journal de la société Tunisiasoft (des exercices N-7, N-6, N-5 et N-4) qui concernent :
a. Le contrat de location conclu avec la société AZE lease,
b. Le nouveau statut des deux étages à partir de juillet N-7,
c. Le contrat de location avec la société 3S (ne pas oublier les écritures de régularisation à la fin de chaque exercice comptable).

Informations supplémentaires : la juste valeur de l’immeuble à la fin des exercices comptables N-7, N-6, N-5 et N-4 s’élève (selon le même expert immobilier) respectivement à : 762 000 dinars, 780 000 dinars, 774 000 dinars et 783 000 dinars.

Analyse et discussion du cas:

Partie I:

Réponse à la première question :

Il s’agit d’un contrat de location – financement dans la mesure où la valeur actualisée des payements minimaux égalise la juste valeur de l’immeuble à la date de la conclusion du contrat.



On peut se baser sur ce critère pour qualifier la nature du contrat (location financement) même si les autres critères contredisent ce qualificatif (ex. durée du contrat et durée d’utilité de l’immeuble)

Réponse à la deuxième question :


Pour la société Tunisiasoft, l’immeuble constitue une immobilisation corporelle, plus précisément une construction dans la mesure où c’est elle (Tunisiasoft) qui va l’occuper (son siège sociale).
Réponse à la troisième question :
Tableau d’amortissement de la dette de leasing (output Excel) :


Comptabilisation relative au contrat de location dans le livre journal de la Tunisiasoft durant les exercices N-9 et N-8.


Partie II:

Première question :

L’immeuble, initialement objet du contrat de location, a changé de statut comptable à partir de la date du 1ier juillet N-7 car le preneur dans le cadre du contrat de location financement (Tunisiasoft) ne l’occupe que partiellement (rez-de-chaussée). Le rez-de-chaussée et les deux étages de l’immeuble peuvent être évalués séparément : rez-de-chaussée 1/3 et deux étages (2/3). Ces pourcentages peuvent être appliqués sur le coût initial de l’immeuble ainsi que sur les justes valeurs qui seront rattachées (à la fin de chaque exercice) audit immeuble ultérieurement.
Conclusion : les rez-de-chaussée peut garder son statut de « immobilisation corporelle » et les deux étages sont qualifiés comptablement et à partir du 1ier juillet N-7 comme étant un immeuble de placement.

Deuxième question :


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...suite et fin.