jeudi 19 janvier 2012

marché du travail des professionnels comptables: raison d'être et cas pratique




Dans ce billet, j’ai voulu revenir sur la matière : « marché du travail des professionnels comptables » dispensée aux étudiants de la première année mastère professionnel : Comptabilité – Contrôle – Audit de l’ESSEC – Tunis. Je rappelle que l’objectif de cette matière consiste à « augmenter » la prise de conscience de mes étudiants quant aux exigences du monde professionnel comptable en matière de compétences techniques et génériques (soft skills). Ce cours répond à un problème : l’université tunisienne compose très mal avec son environnement économique et professionnel. Ce dernier n’arrête pas d’évoluer en imposant de plus en plus de contraintes sérieuses au marché du travail et, par la même occasion, à l’université. Cette dernière est appelée à benchmarker avec les pratiques des universités anglo-saxonnes en matière de rapprochement université – monde des affaires. Ces pratiques sont : la création des centres de carrières (career centers), l’organisation des foires de l’emploi, la valorisation des associations des anciens étudiants, la programmation des cours (ce que j’appelle de l’enseignement – coaching) pour améliorer la lisibilité des marchés du travail…etc.
Dans ce cadre, je propose de partager mon expérience dans ce domaine. Dans ce qui suit, je présente un cas pratique, dont l’analyse se réfère à la maîtrise des éléments suivants (que j’ai enseignés dans mon cours) :
• Intelligence cognitive (ou intellectuelle) versus intelligence émotionnelle : personnelle et sociale,
• Compétences techniques versus compétences génériques,
• Marché du travail ouvert (15% des offres d’emploi) versus marché du travail caché (85% des offres d’emplois),
• Statistiques décrivant le marché du travail des professionnels comptables tunisiens et ses exigences,
• Stratégies susceptibles de faciliter l’accès au marché du travail,
• Etc…

Je vous souhaite une bonne lecture.

Samir El Tounsi vient de décrocher son diplôme de licence appliquée en comptabilité avec la moyenne de 14,66. Pour ses camarades et son entourage immédiat, Samir est connu par son sérieux, son assiduité et sa capacité à travailler tout seul pour réussir ses examens. Il avait de bonnes notes en comptabilité (financière, analytique, internationale…), finance, fiscalité, droit, et informatique. Aussi, il est doté d’une bonne culture générale ainsi qu’une bonne maîtrise des langues (française et anglaise). Il est plein de détermination et d’ambition. Durant son parcours universitaire, il n’a pas pensé à effectuer des stages. Le fait qu’il a eu son diplôme avec la mention bien, il espère connaître la même réussite au niveau du marché du travail des professionnels comptables. Toutefois, Samir n’a pas le contact facile, d’ailleurs on le voyait généralement fréquenter un seul ami. Il est un peu timide ; il participait peu dans les discussions pendant les séances de cours et de TD. Ceci revient peut être à son éducation et à l’ensemble des valeurs qu’il a reçues de sa famille : il ne faut pas être trop bavard, il ne faut pas nouer des relations avec des gens qu’on ne connait pas, les personnes les plus âgées ont toujours raison et c’est pour cette raison qu’il faut les respecter et écouter attentivement ce qu’elles disent.
Actuellement, Samir est déterminé à décrocher un emploi dans une grande société. Les attentes de Samir sont les suivantes. Elles consistent à avoir un emploi :
1. permanent, qui correspond exactement à ses connaissances académiques,
2. bien rémunéré, et
3. avec des personnes agréables et coopératives.
Pendant dix semaines, Samir n’a pas arrêté de consulter les offres d’emplois qui paraissent dans les magasines spécialisés, les journaux quotidiens et hebdomadaires et sur les sites des entreprises. Pour répondre à ces offres, notre candidat a rédigé un CV qui renseigne sur son état civil et ses diplômes (baccalauréat, licence appliquée en comptabilité) et il l’a envoyé à une cinquantaine d’entreprises dont l’offre respect ses attentes. Le résultat : uniquement une seule entreprise l’a contacté pour qu’il passe un entretien. Samir a bien préparé son entretien (en consultant des sites internet spécialisés dans le coaching en matière d’entretien d’embauche). Le jour de l’entretien, Samir a remarqué la présence de plusieurs candidats qui veulent passer le même entretien que lui, il ne s’attendait pas à une concurrence aussi rude. Trois semaines après, aucun résultat reçu et notre candidat commence à se stresser. Ce stress n’a pas arrêté d’évoluer au fil des jours au point d’empêcher Samir de continuer convenablement et sereinement sa recherche d’emploi.
Actuellement, Samir est désespéré et commence à réfléchir à rechercher un travail qui ne nécessite aucune compétence et ce, juste pour avoir en retour une rémunération hebdomadaire modeste qui lui épargne le souci de demander chaque semaine un argent de poche de ses parents.
Travail à faire :
1. Le fait de décrocher un diplôme avec une bonne moyenne est – il suffisant pour réussir à intégrer le marché du travail ? Argumenter votre réponse en analysant la différence entre l’intelligence académique (intellectuelle) et l’intelligence émotionnelle.
2. Que pensez-vous du comportement de Samir en tant qu’étudiant ?
a. Analyser ce comportement en mettant l’accent sur sa démarche en termes d’acquisition du savoir, du savoir être et du savoir faire.
b. Evaluer ce comportement en analysant les exigences du marché du travail des professionnels comptables tunisiens en termes de compétences techniques et de compétences génériques.
3. Présenter une analyse critique de la démarche adoptée par Samir en matière de recherche d’emploi.
4. Samir a – t – il raison de stresser suite à son échec ? A – il – raison de « se jeter » dans le sous-emploi ? Argumenter votre réponse.

lundi 9 janvier 2012

Prévoir une classe 9 pour les réintégrations et les déductions d’ordre fiscal : Normaliser (et rationaliser) le calcul du résultat fiscal




Le problème de la dépendance entre la comptabilité et la fiscalité continue encore à intriguer les différents acteurs économiques (dont l’Etat). Sur cette question, la normalisation comptable internationale à travers les IAS/IFRS semble être catégorique. En effet, toutes les normes internationales observent le principe de la prééminence du fond (économique et financier) sur la forme (juridique et fiscale). En outre, la norme comptable IAS 12, à travers ses recommandations relatives à la constitution d’un impôt différé (passif et actif), vise à «purifier» le compte de charge qui contient l’impôt exigible : impôt sur le bénéfice (résultat fiscal (qui est le résultat comptable corrigé à la lumière de la législation fiscale) multiplié par le taux d’IS en vigueur) de toute «anomalie» ayant trait à une différence de timing entre la reconnaissance comptable (souvent guidée par le principe du rattachement des charges aux produits) et la reconnaissance fiscale (guidée par des fait générateurs prévus par la législation fiscale). D’autant plus, la norme IAS 12, attire l’attention des investisseurs financiers des grands groupes de sociétés cotés en bourse sur les éventuelles économies (actifs) et dettes (passifs) futures d’impôt dues à ladite différence temporaire. Ceci pourrait être envisageable pour le cas des sociétés dont la taille est importante et dont les propriétaires ne veulent s’intéresser qu’aux aspects économiques et financiers des différentes opérations effectuées au jour le jour pas lesdites entreprises. Qu’en est – il du cas des petites et moyennes entreprises ?
Pour les PME qui n’ont pas une responsabilité publique (dont les titres ne sont pas cotés ou en voie de l’être), je ne pense pas qu’elles doivent faire une nette séparation entre la comptabilité et la fiscalité, une telle séparation pourrait augmenter le coût de préparation de l’information comptable (dans ce cadre, j’évite d’utiliser le terme information financière) par rapport aux avantages présumés relatifs à la publication de cette information. Dans cette logique, je suis favorable à ce que les PME appliquent une normalisation comptable simplifiée (comme c’est le cas actuellement en Tunisie (SCE (1997) ou en Algérie (SCF, 2010) ou bien pour les pays ayant adopté la norme IFRS pour PME (2009)) mais fondée sur un esprit économique et financier, loin des considérations fiscales.
Pour connecter les deux domaines (celui de la comptabilité et celui de la fiscalité), deux auteurs français (Diedlot et Barbe « pour une nouvelle approche des relations entre la comptabilité et la fiscalité : application au traitement du crédit – bail immobilier, RFC 427 – décembre 2009) proposent une idée, que j’estime excellente, qui consiste à ajouter aux 7 classes conventionnelles de la comptabilité une autre classe qui pourrait être intitulée la classe 9. Cette classe proposerait des comptes qui ne se croisent pas avec des comptes appartenant aux autres classes (de 1 à 7). Autrement dit, un compte de la classe 9 débité ne peut avoir comme vis-à-vis dans le crédit qu’un compte de la classe 9 et vice versa. Les comptes de la classe 9 permettraient aux comptables de passer des écritures purement fiscales permettant l’élaboration d’un état de résultat fiscal et un bilan fiscal.
Normalisateurs de nos pays…travaillez s’il vous plaît.