jeudi 24 février 2011

La démocratie et la démocratisation de l’information à travers les IFRS permettent-elles d’atteindre un meilleur stade de développement ?


Par Fatma BEN SLAMA (Universitaire; Docteur ès sciences de gestion)

Pour parler de développement, il faut tout d’abord définir le sous développement. Je trouve que la meilleure façon de le faire consiste à se référer aux critères des organisations internationales qui financent le développement telles que l'Organisation des Nations Unies et la Banque Mondiale. En effet, ces institutions se basent sur plusieurs critères pour accorder à un pays le qualificatif de PED. Ces critères sont: la pauvreté, la croissance rapide de la population, le taux de chômage élevé, l’inégalité dans la distribution des revenus et des richesses, le déséquilibre dans le développement régional, des dettes extérieures importantes, un faible niveau technologique et un besoin pressant pour améliorer l'éducation (Wallace, 1990). A côté de ces critères macro économiques et sociaux, il est possible de rajouter un critère micro économique relatif à la faiblesse des modes de gouvernance des entreprises.
Si nous observons la réalité de la Tunisie, nous trouvons que la majorité de ces critères est malheureusement vérifiée. On ne peut nier qu’en Tunisie, la révolution s’est déclenchée principalement à cause des taux de chômage élevés chez les diplômés et les non diplômés à côté de disparités régionales importantes entre Kasserine, Sidi Bouzid par exemple avec la capitale et les autres villes côtières et des niveaux de pauvreté choquants. Les tunisiens se sont aussi révoltés contre l’accaparation des richesses du pays par une élite économique non seulement proche du pouvoir mais qui représentait le pouvoir. Malgré tous les progrès entrepris auparavant en matière d’éducation, notre système souffre, on ne sait vraiment pour quelles vraies raisons, internes dues à une incompétence ou à une préméditation ou externes et pas vraiment innocentes qui nous ont encore et encore enfoncées dans le sous-développement. De tous ces critères, je pense qu’on n’a pu que contrôler la croissance rapide de la population dont le mérite revient évidemment à l’époque de Bourguiba.
A tous les niveaux du pays, les problèmes de mauvaise gouvernance et de corruption, sont flagrants, de l’entreprise aux institutions gouvernementales, rien ne semble être gouverné de la meilleure des façons. L’héritage est malheureusement de grandes dettes extérieures qui compromettent le futur du pays.
En voilà le fruit des dictatures, un enfoncement de plus en plus grand dans le sous-développement, tels que défini par les institutions internationales, et une perte d’au moins 2 points de croissance économique annuelle. Pourtant, nombre de gouvernements étrangers et d’institutions avaient applaudi les avancées de la Tunisie en matière économique. On avait l’impression qu’il ne manquait presque rien pour atteindre la transparence financière à part une adoption des IFRS prévue pour 2014. Un lot de normes sophistiquées élaborées pour traduire la réalité des transactions des pays développés. Une pareille décision avait-elle vraiment un sens dans un pays qui se noyait dans l’opacité et dont presque toutes les transactions étaient mystérieuses ? Là où toute voix qui s’élevait pour demander des comptes, juste de l’information était indésirable ?
Un lot de normes, constitue, à mon sens, un lot d’outils nécessaire mais pas suffisant pour atteindre une démocratisation de l’information économique et financière. La démocratisation de l’information financière ne peut pas être offerte, elle suppose un public averti qui la demande et qui est doté d’outils pour l’exiger. Par conséquent, le passage à la démocratie, qui est synonyme de droit à l’information, de droit à l’opposition, de contestation, d’implication dans les choix stratégiques du pays, de reddition des comptes et de transparence permettra au tunisien de bénéficier d’une vraie voie vers le développement économique… Pour le développement de la vie culturelle, les efforts à faire sont énormes mais je suis vraiment optimiste et je fais confiance au génie des intellectuels tunisiens!

dimanche 20 février 2011

La Transparence Financière : une notion qui rime bien avec la démocratie !


La transparence financière a souvent été un souci majeur pour les économistes, les financiers et les comptables. Cette notion rime bien avec les exigences des Sociétés les plus développées dotées d’institutions gouvernementales et non gouvernementales et de Société civile capables d’instaurer un minimum de transparence dans les transactions. Dans les pays les moins développés, les gouvernements ont souvent entrepris des réformes, répondant aux exigences d’institutions financières internationales, tels que le FMI et la Banque mondiale pour montrer des progrès, supposés, en matière de transparence. Parmi les principales réformes, nous citons l’adoption des IFRS, en tant que normes d’information financière sophistiquées qui garantissent, théoriquement, sur le plan quantitatif, un plus grand flux d’information et sur le plan qualitatif, une meilleure pertinence, fiabilité, comparabilité et intelligibilité.
Les plus sceptiques ont souvent considéré que les IFRS ne peuvent pas être dissociées par rapport au contexte de leur adoption en ce sens que si elles sont adoptées dans un environnement de bonne gouvernance, elles peuvent être efficaces. Par contre, leur adoption dans des pays, en développement, dont les institutions sont fragiles par rapport au pouvoir suprême d’une élite économique proche du pouvoir, ne peut relever que de la pure publicité qui renforce l’image de marque du pays face à un besoin en IDE. Ces pays, manquaient de motivation en matière de transparence et se noyaient de plus en plus dans une opacité souhaitée qui favorisait les inégalités sociales et l’impunité des dépassements.
Aujourd’hui, les pays en voie de développement depuis des décennies, sont enfin, aussi en voie de démocratie qui induit forcément une voie vers la transparence financière. La révolution tunisienne et les révolutions qui s’en suivent ont été alimentées par une soif d’égalité sociale, de partage équitable des richesses. Des richesses, qu’il faut compter, en rendre compte, contrôler pour pouvoir les allouer. Le comptable peut, à mon sens, enfin, pouvoir jouer pleinement son rôle capital au service de la transparence et de la démocratie.