samedi 4 décembre 2010

la normalisation comptable en Algérie: l'avis des universitaires


Depuis le 1ier janvier 2010, les entreprises algériennes ont commencé l’application du Système Comptable Financier (SCF) – rappelons qu’initialement cette mise en application a été prévue pour l’exercice 2009, puis reportée pour l’exercice 2010- . Il s’agit d’une version proche du référentiel comptable international, celui de l’IASB. Donc, le normalisateur algérien a opéré des adaptations nécessaires pour que le SCF se rapproche de la réalité économique et des pratiques comptables jusque là imprégnées par le plan comptable général adopté depuis 1975. Cette semaine j’étais à Sidi Bel Abbès où j’ai présenté une communication intitulée « la normalisation comptable dans les pays en développement : explication par la sociologie du développement ». Dans mon intervention, j’ai essayé de montrer que l’adoption actuelle des normes internationales (IAS/IFRS) ne peut pas être expliquée par un besoin pressant visant l’amélioration du reporting financier des entreprises nationales. Car à l’état actuel des choses, les pays en développement passent par une ère (celle de la mondialisation, bien entendu, je parle des pays qui prennent la mondialisation d’un bon œil et acceptent par voie de conséquence l’ouverture et l’échange au lieu de mettre leur peuple dans un état d’autarcie) de rattrapage économique et social. Ils ont besoin donc d’une reconnaissance internationale (lire les modèles de développement sociologique et dans ce cadre j’invite le lecteur averti à consulter les travaux du sociologue belge Guy Bajoit). Cette reconnaissance internationale leur permettra de bénéficier du transfert technologique, les investissements directs – et indirects ; là je parle du développement des marchés financiers – étrangers, le bénéfice des normes comptables sans dépenser des coûts astronomiques…etc. Sur le plan comptable, les pays ayant adopté les normes internationales ou bien ayant adapté leur système national à leur réalité (économique, sociale, culturelle,…etc.) nationale (comme la Tunisie en 1997, l’Algérie en 2010), il s’agit d’une étape intermédiaire où à mon sens la pratique comptable ne jouera pas un rôle important, car personne (j’ose le dire) ne demande une information de qualité : c’est une étape de développement où la demande se fait exclusivement sur des informations privée. Cette demande est faite par une élite économique qui détient le capital et qui a un accès direct aux informations privées (celles détenues par les dirigeants). L’ère de l’information publique (donc, l’information comptable) viendra après un véritable développement économique où la classe moyenne participera effectivement dans la vie économique du pays et demandera une information publique, c'est-à-dire l’information comptable produite sur la base des normes sophistiquées et de haute qualité : les IAS/IFRS. En conclusion, l’adoption des IAS/IFRS dans l’état actuelle des choses est une nécessité pour pouvoir adhérer à la communauté internationale et bénéficier du partage. Dans ce cas, il faut saisir l’âme des normes internationales (on compte sur les universités (dans le cadre de la formation de base) et les cabinets de formation, mais aussi les universités (dans le cadre de la formation continue)) et passer à leur pratique. Dans quelques années, on connaîtra un meilleur développement économique et on demandera une information de qualité et on la trouvera grâce à toute une communauté qui s’intéresse et croit à la comptabilité.

Enfin, je remercie tous les universitaires et les praticiens algériens qui m’ont accueilli avec beaucoup de générosité et je les félicite car ils ont su mettre la comptabilité et les normes internationales dans un cadre de débat.